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Polémique

JO de Paris 2024 : le Français Muhammad Abdallah Kounta suspendu par la fédération d’athlétisme pour des propos incitant à la haine

JO Paris 2024dossier
Membre de l’équipe de France d’athlétisme lors des Jeux de Paris, Kounta avait publié des propos haineux visant notamment Israël sur ses réseaux sociaux. Il a été suspendu ce mercredi par sa fédération.
Muhammad Abdallah Kounta au Stade de France avant une course de relais mixte 4x400m, le 3 août 2024. (Stefan Wermuth/REUTERS)
publié le 14 août 2024 à 18h07

Muhammad Abdallah Kounta, membre de l’équipe de France d’athlétisme lors des JO 2024 ayant participé aux relais 4x400 m - masculin et mixte - a été suspendu ce mercredi 14 août par sa fédération (FFA). Il avait publié et relayé sur les réseaux sociaux plusieurs messages incitant à la haine, visant notamment Israël. Amélie Oudéa-Castéra a salué la décision sur X (ex-Twitter), qualifiant les propos de l’athlète de 29 ans de «choquants» et d’«inadmissibles». La ministre des Sports démissionnaire indique par ailleurs que le président de la fédération d’athlétisme (FFA) lui a confirmé avoir saisi le Procureur de la République ainsi que la Commission de discipline de la Fédération.

Les posts publiés par Kounta ont depuis été effacés. Après avoir désactivé son compte X, le sportif l’a ensuite réactivé pour publier un message d’excuses dans lequel il se présente comme «Français, musulman et fier». «Des personnes se sont amusées à fouiller dans mes tweets et à sortir certains de mes propos de leur contexte, en me créant une réputation d’anti-blanc, d’anti-France, d’antisémite, et j’en passe», a-t-il expliqué. «Je suis contre les génocides et toute forme de racisme ou d’injustice, et je pense ne pas avoir besoin de prouver à quel point j’aime mon pays. Les personnes présentes au Stade de France pourront en témoigner», ajoute Kounta dans un second message sur le réseau social.

Mardi, un thread de «signalement» du compte X «SwordOfSalomon», répertoriant différentes captures d’écrans de messages publiés par Kounta entre 2021 et 2024, a appelé à son exclusion de la FFA : «Ses incitations à la haine envers d’autres nations, religions et athlètes, sont non seulement contraires aux valeurs fondamentales du sport, mais aussi inacceptables pour quelqu’un censé porter les couleurs de la France». Selon le journal Le Monde, ce groupe serait constitué d’activistes numériques pro-israéliens anonymes.

À l’occasion des Jeux olympiques, Kounta se raillait par exemple du dispositif de sécurité présent auprès de la délégation israélienne. «Au village olympique, tous les bâtiments étaient grands ouverts, tu pouvais rentrer comme tu voulais sauf un seul bâtiment surveillé par le GIGN. Je vous laisse deviner lequel», avait-il posté le 12 août. À un commentaire mettant en cause les «dragons célestes» - expression notamment utilisée par la fachosphère pour déverser sa haine des juifs - il répondait : «c’était pas compliqué mais bravo».

Ces propos «inacceptables» ont notamment été repris et dénoncés mardi soir sur X par le Vice-Président du conseil régional d’Ile-de-France. Patrick Karam appelait alors aux «sanctions les plus lourdes» envers Kounta. De son côté, le président de l’Efsra Reims Vincent Bourdy - où est licencié le sportif - a déclaré à nos confrères de France 3 : «Nous condamnons fermement ces propos, contraires aux valeurs du club qui sont l’inclusion et le sport pour tous. La politique et la religion doivent rester en dehors du stade.»

Le cas Hugo Hay

La FFA ne s’est pas prononcée spécifiquement sur le cas Kounta mais sur «des déclarations de plusieurs athlètes de l’équipe de France à l’occasion des Jeux olympiques», en référence aussi aux messages à caractère racistes homophobe publiés entre 2014 et 2017 du demi-fondeur Hugo Hay, qui a, lui aussi, participé aux JO 2024.

«La Fédération rappelle à l’ensemble des athlètes de l’équipe de France que l’expression de leurs opinions personnelles ne doit en aucun cas mettre en péril l’unité de l’athlétisme français et de l’Équipe de France, et doit respecter les valeurs républicaines», a-t-elle expliqué. Et d’ajouter : «elle condamne le fait que des athlètes prennent la fête olympique comme une opportunité d’exposition de leurs idées personnelles, dont certaines constituent un délit», poursuit le texte. La FFA rappelle par ailleurs que «le Président de la Fédération a systématiquement saisi les instances compétentes, afin de faire la lumière sur l’ensemble de ces faits, et continuera de le faire à l’avenir».