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Ça n’a pas l’air sorcier un lancer franc. Et pourtant. Des générations de basketteurs, y compris les plus grands, en ont pleuré. Ce shoot, réalisé par un joueur arrêté à 4,6 mètres du panier, se tire par deux ou par trois, selon la zone où la faute a été subie. Le jeu se fige alors, et toute la salle observe l’élu s’avancer dans un abysse de solitude. «Toute la pression de la salle s’abat alors sur vous. On vous fixe, on vous encourage, on vous hue. C’est un exercice mécanique et mental à la fois», pose l’ancien pivot français Frédéric Weis. Les meilleurs ont une routine immuable : quelques rebonds du ballon, un blocage de la respiration, et un geste ample, achevé par un fouetté du poignet.
La clé, c’est de réussir à passer d’une hyperagitation corporelle à une quasi-méditation en une poignée de secondes. «C’est ce switch qui est très compliqué, en pleine tension», poursuit Fred Weis qui, lui, appréhendait à mort : «Je craignais l’exercice, je n’y ai donc jamais été bon. Du coup, c’est un engrenage vicieux, plus je ratais, plus je perdais confiance, plus je changeais ma routine, et plus je ratais.» La cruauté, c’est que les adversaires ne s’y trompent pas, et ciblent prioritairement le maillon faible. En NBA, le procédé, vachard, avait un nom : le hack-a-player, ou hack-a-Shaq. Ça consistait à cibler systématiquement un joueur, notamment Shaquille O’Neal, le pivot légendaire des Lakers, inarrêtable en attaque sauf… aux lancers francs, où il jetait d’horribles briques contre le panneau. C’est ainsi que, parfois, on perd des matchs.