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C’est l’histoire d’un paravent qui voudrait devenir une vitrine et vice-versa. Dimanche 14 juillet, jour de fête nationale, et lundi 15 juillet, la flamme de Paris 2024 va traverser toute la ville, du Louvre à la butte Montmartre, avec la délicate mission de rallumer l’étincelle olympique, éteinte par la crise politique. Ce qui n’était pas pensé au départ, mais qu’espèrent désormais tous les organisateurs – du Comité d’organisation des JO (Cojo) à la mairie de Paris –, c’est que le déluge d’images fortes attendues escamote enfin les atermoiements à douze jours de la cérémonie d’ouverture. Ce parcours, conçu depuis des mois et qui n’a pas été modifié pour tenir compte de la situation politique, «c’est un subtil mélange entre les beautés patrimoniales de Paris, la richesse humaine de la capitale et l’ADN du relais de la flamme, la fête populaire», défend le directeur délégué du relais, Grégory Murac.
Un passage par le Louvre
Vu que l’événement sera filmé toute la journée, juste après un défilé militaire du 14 juillet riquiqui pour cause de Champs-Elysées et de place de la Concorde squattés pour les futurs Jeux, et que les extraits partiront dans le monde entier via les réseaux sociaux, les concepteurs du relais n’ont pas lésiné sur les symboles. Un peu de baguette et french cancan, des lieux «iconiques» – le mot fétiche à tous les étages du Pulse, le siège du Cojo à Saint-Denis –, une très grosse pincée de jeunesse et des stars, même si la liste transmise à la presse jeudi ne semble pas totalement définitive.
Décryptage
Partie de Marseille le 9 mai, après une fête populaire plus que réussie qui avait mis les Jeux sur des très bons rails, la flamme débutera son périple parisien escortée par les écuyers du Cadre noir de Saumur et portée par leur chef Thibaut Vallette, médaillé d’or à Rio en 2016, avant que le sélectionneur de l’équipe olympique de football Thierry Henry ne la fasse sortir des Champs-Elysées. Elle slalomera ensuite rive gauche et traversera l’Assemblée nationale avant de bifurquer vers Notre-Dame, le Sénat ou la Sorbonne. En fin de journée, repassée rive droite – pile à l’heure pour les JT, ce qui n’est évidemment pas un hasard –, la torche dessinée par Mathieu Lehanneur visitera le Louvre. Elle devrait suivre le parcours d’un touriste moyen pour croiser tous les chefs-d’œuvre du musée, de la Victoire de Samothrace à la Joconde en passant par la salle 403, celle des marbres «esclaves» de Michel-Ange, avant un passage devant la monumentale Liberté guidant le peuple de Delacroix, qui s’est refait une beauté pendant six mois à l’occasion des JO. Cette séquence a donné lieu à «une dizaine de réunions de sécurité avec la brigade des sapeurs-pompiers affectée au Louvre. Les équipes de tournage se sont entraînées pour se déplacer dans les couloirs et qu’on ne voit que les œuvres et la flamme», raconte un participant à ces réunions. Pour ne pas cramer Mona Lisa, «on a travaillé sérieusement mais jamais de manière anxiogène».
540 porteurs en deux jours
Après le «concert des JO» et le feu d’artifice du 14-Juillet à la tour Eiffel (visible uniquement à la télé), la flamme dormira dans un Airbnb de luxe – les salons dorés de l’Hôtel de Ville de Paris – et repartira lundi pour une nouvelle boucle dans Paris, cette fois dans les arrondissements extérieurs, du bois de Boulogne à Belleville mais aussi la Grande Mosquée, Roland-Garros ou l’Insep, le centre de formation des Bleus olympiques, dans le bois de Vincennes.
Côté porteurs (ils seront 540 en deux jours), au milieu de dizaines d’acteurs associatifs, de profs de sport, de soignants et de personnalités parisiennes comme Ludovic, l’éboueur de Paris devenu star de TikTok, on trouve un mélange d’athlètes olympiques et potentiels futurs médaillés de l’été – Romane Dicko, Sasha Zhoya, Enzo Lefort – et certains de leurs prédécesseurs, comme Marie-José Pérec ou l’escrimeuse Laura Flessel. Lassana Bathily, magasinier de l’Hyper Cacher qui a aidé des clients à se mettre à l’abri lors des attentats du 9 janvier 2015, fait partie des relayeurs et, pour rendre hommage aux victimes du Bataclan, les organisateurs ont demandé au président de l’association Life for Paris, Arthur Dénouveaux, de participer au relais devant la salle de concert du XIe arrondissement. Ils ont également confié une portion du relais à Kim Seok-Jin, le chanteur du groupe de K-pop mondialement connu BTS. «C’est comme Jul [le rappeur qui a enflammé la vasque olympique sur le port de Marseille le 8 mai et dont le nom avait été tenu secret jusqu’à la dernière minute, ndlr], analyse un membre de la majorité municipale à Paris. Cela provoque une incompréhension totale chez les parents mais un effet waouh chez les plus jeunes.»