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Natation

JO de Paris 2024 : Léon Marchand l’introverti, certains l’aiment show

JO Paris 2024dossier
Longtemps «hermétique à tout contact avec le public», le nageur a apprivoisé sa timidité, et se sert désormais de l’engouement à son égard comme d’une force.
Le nageur Léon Marchand, à Paris le 30 juillet 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 1er août 2024 à 20h43

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«Il est trop chou.» La phrase vient de l’ancienne ministre et nageuse Roxana Maracineanu. Toute attendrie de voir Léon Marchand, en sortant de ses courses, se précipiter vers le public, taper des mains, claquer des bises et des câlins. «Je suis une personne très timide au départ, confie l’intéressé. J’essaye de profiter de l’énergie de toute la foule, elle me pousse dans chaque finale.»

Dimanche 28 juillet, les nageurs de la finale du 400 m quatre nages n’avaient même pas été annoncés, que déjà les tribunes de la piscine olympique de la Défense Arena scandaient son prénom. Le public sait de quoi Marchand est capable. C’est lui, «le petit jeune», qui a battu le record du monde de Michael Phelps l’été dernier. Les 8 000 spectateurs ne seront pas déçus : seul au monde, Marchand s’impose avec presque six secondes d’avance sur ses poursuivants.

Elève studieux

Les jours suivants, la ferveur gagne les autres sites de compétition et bien des foyers français. Mercredi, 13,5 millions de téléspectateurs se branchent sur France 2 sur les coups de 22 h 30 pour assister au sacre de Marchand sur 200 m brasse, après celui sur 200 m papillon. Viennent les podiums, les selfies. Ceux qui viennent de découvrir le prodige de 22 ans ne peuvent pas se douter qu’il y a encore un an, le nageur star fuyait les foules.

Thomas Sammut l’a connu quand il était tout juste majeur et encore «complexé par sa timidité». Son préparateur mental se souvient du naturel réservé du nageur, concentré sur les longueurs de bassin à engloutir le matin, élève studieux en filière scientifique devenu étudiant en informatique. «Jusqu’à récemment, Léon était plutôt hermétique à tout contact avec le public parce qu’il aime rester dans sa bulle.»

Mais il a vu grandir à distance le Toulousain exilé aux Etats-Unis, au fil de ses victoires dans le championnat universitaire américain et ses titres mondiaux. «Il s’était un peu trop protégé et s’est rendu compte qu’en fait, il n’y avait pas de danger, relate Sammut. Depuis quelque temps, il fait évoluer son côté introverti. Il a su s’apprivoiser et apprivoiser le public.» Et de poursuivre : «Ce que j’aime dans son évolution, c’est qu’il a appris à accepter cet engouement vis-à-vis de lui, et qu’il s’en sert comme un moteur pendant ses courses.»

«Piscine illuminée au milieu des gradins»

L’expérience américaine de Léon Marchand l’a aidé à s’acclimater à un public survolté. Outre-Atlantique, «dans les championnats universitaires, il y a une ambiance de folie», confirme Maracineanu, qui estime n’avoir jamais vu une telle ambiance pour de la natation en France. Avant d’entrer en lice, Marchand s’était réjoui de la disposition de la piscine, qui lui rappelle les décors des shows sportifs américains. «C’est très sombre tout autour, et la piscine est illuminée au milieu de ces grands gradins.»

Pour l’instant, le triple médaillé d’or ne la joue pas showman après ses démonstrations dans le bassin de Nanterre. Pas du genre à bomber le torse ou à frapper l’eau d’un grand coup de paluche. A moins qu’il ne se laisse (un peu) aller ce vendredi soir, s’il décroche un quatrième titre historique ?