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JO de Paris 2024 : les Bleus du water-polo dans le grand bain

Des championnats du monde réussis permettent à l’équipe de France masculine de water-polo d’espérer une médaille olympique, belle consécration pour une équipe qui émerge depuis quelques années.
Lors des Mondiaux du Fukuoka, le 29 juillet 2023. (Adam Pretty/Getty Images. AFP)
publié le 16 février 2024 à 15h11
(mis à jour le 17 février 2024 à 10h55)

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Battue par l’Espagne (14-10) ce samedi 17 février à Doha dans le match pour la troisième place, l’équipe de France de water-polo doit se contenter de la médaille de chocolat au championnat du monde. «On lui tire quand même notre bonnet de bain», salueront ceux qui voient dans ce presque podium une performance historique. D’autant plus que le parcours de Bleus s’est enrubanné d’une incroyable victoire (11-10) en quart de finale contre la Hongrie qui a fait de ce sport un symbole politique depuis un succès contre le grand frère honni soviétique en demi-finale des JO de 1956, un match entré dans la légende du sport comme celui du «bain de sang». En demi, contre les Croates, autres autre cadors des bassins, les Bleus ont proposé un épisode de la série «losers magnifiques» dont le sport français raffole : remontée héroïque, égalisation à 16 secondes de la fin, défaite aux tirs au but 17-16.

Alors ces Bleus, future hype des JO de cet été dans un sport qui a de quoi frustrer les spectateurs puisqu’un match se joue aussi sous la ligne de flottaison ? Et Thomas Vernoux, leur artificier-golgoth (21 ans, 1,96 m pour 105 kilos) considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde, déjà surnommé (par un manque d’imagination flagrant) le «Mbappé du water-polo», star inattendue de Paris 2024 ? L’histoire serait belle car ses acteurs sont particulièrement méritants. «Résilients» même, insistait après la victoire contre la Hongrie leur entraîneur, Florian Bruzzo, caractère bien trempé et le type même du «bon client pour les médias».

Quelques phrases à l’Equipe lui suffisent pour le storytelling des poloïstes bleus : «On vit dans un pays où on n’existe pas. Ces garçons vivent dans l’ombre, c’est quelque part mérité car tous les sports collectifs sont extraordinairement performants. Forcément, ils prennent la lumière et nous, on ne méritait certainement pas de la prendre. […] On se bagarre contre tout un environnement. On est géré par la Fédération de natation. C’est comme si le hand était géré par l’athlétisme, image-t-il. On n’a pas notre propre fédération, notre propre programme. On est le seul sport collectif qui n’a pas de pôle étatique pour que les gamins viennent s’entraîner. […] Notre histoire c’est : “on vient de loin, on se bagarre, on s’entraîne”, et voilà.» Clair et net comme du Bruzzo, qui avait déjà réussi à conduire les hommes aux JO de Rio (2016) avant de quitter son poste pour cause de friction avec les joueurs pour s’occuper des Bleues, et de revenir au bercail en octobre 2021.

En progression quasi constante depuis deux saisons, les poloïstes français avaient terminé 6e lors des Mondiaux de Fukuoka (Japon) l’an dernier et s’étaient qualifiés d’office pour les JO. «L’effet Paris 2024 depuis 2017, date de l’obtention des Jeux, a motivé les joueurs, retrace Florian Bruzzo dans une interview au Parisien. On bosse sur un projet avec eux depuis 2021. On veut être des prétendants à la médaille en août.» Et l’effet Paris 1924 ? Il y a un siècle, à l’historique piscine des Tourelles, l’équipe de France battait la Belgique 3-0 en finale du tournoi olympique. Tout le monde l’a oublié ?

Mise à jour le samedi 17 février à 10h 55 avec le résultat du match contre l’Espagne