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Zone d'ombre

JO de Paris 2024 : les handballeurs tricolores en poule rouillés

JO Paris 2024dossier
En manque de confiance, impuissants offensivement et souvent maladroits, les Bleus ont toutefois les capacités de se ressaisir face aux champions d’Afrique égyptiens, mercredi 31 juillet, pour viser les quarts de finale.
«Chacun doit jouer son rôle, et non pas réinventer le handball», a lâché Nikola Karabatic après la défaite, lundi 29 juillet, face aux Norvégiens. (Bernadett Szabo/REUTERS)
publié le 31 juillet 2024 à 7h14

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Au bord du gouffre. Quatre finales olympiques de rangs (pour trois titres) depuis Pékin 2008 et l’équipe de France masculine de handball, vaisseau amiral des sports collectifs tricolores, n’est plus qu’à deux défaites de la sortie de route à l’issue d’un premier tour pourtant considéré comme une blague, quatre équipes seulement sur douze étant éliminées à ce stade. Peut-être même qu’une seule défaite mercredi 31 juillet contre les éternels champions d’Afrique égyptiens pourrait suffire. Alors que les Bleus auront encore deux rencontres, face aux Argentins vendredi et aux Hongrois dimanche 4 août, leurs vainqueurs danois de ce week-end (29-37) ou norvégiens de lundi (22-27) pourraient être tentés de laisser flotter les rubans pour enterrer tout de suite l’un des grandissimes favoris de la compétition avant qu’il ne ressuscite. On ne voit pas pourquoi ils s’en priveraient.

Lundi, la star de l’équipe norvégienne Sander Sagosen, un des meilleurs joueurs de hand de la planète, est pourtant complètement passé au travers. Le mal est profond. Et jette une lumière cruelle sur une sélection tricolore qui, faut-il le rappeler, avait rapatrié les vice-champions olympiques danois dans leur groupe du premier tour avec l’espoir de ne les retrouver qu’en finale (la tradition voulant que le pays hôte choisisse sa poule), un optimisme rétrospectivement démesuré pour ne pas parler d’arrogance. Pour l’heure, les tricolores donnent tout simplement l’impression d’être ailleurs.

«Repartir de tout en bas»

Elohim Prandi a raconté ça, donnant l’impression d’essayer de cerner un sentiment sans y parvenir : «Il y a l’envie, le caractère… mais je ne ressens pas le plaisir dans notre jeu. Je préfère être honnête : j’ai l’impression qu’on joue pour jouer. Je ne ressens pas qu’on joue les Jeux chez nous à Paris, devant notre public.» Un côté extérieur à l’événement, passif. «Je ne me suis pas senti seul, a témoigné Dika Mem après la Norvège, auteur d’un brillant 10 sur 12 aux tirs ce soir-là. Mais j’ai senti le groupe… [Il ne termine pas sa phrase] Il y a quelque chose. Il faut qu’on le règle entre nous.»

«Il va falloir repartir de tout en bas, a ajouté Nikola Karabatic. Chacun doit jouer son rôle, et non pas réinventer le handball.» Enigmatiques, les mots lâchés par les acteurs effleurent une réalité qui n’a pas encore vocation à sortir du vestiaire. La compétition n’est pas finie et l’équipe, pour avoir traversé bien des tempêtes, dispose d’une expérience et d’une capacité à s’autoréguler phénoménales.

Pour autant, on peut essayer de deviner. L’impuissance offensive et la maladresse racontent un manque de jus, voire de confiance. Les tombereaux de balles perdues ou le côté un peu «extérieur» des joueurs par rapport à ce qu’ils vivent, eux, traduisent un manque de concentration et de capacité à se mettre sous tension. Valentin Porte, Ludovic Fabregas et consorts ont développé avec les années un goût viscéral, voire pervers, pour les environnements infernaux, l’adversité, l’inflation dans la dureté. Et c’est comme s’ils ne s’accommodaient pas du confort relatif d’un tournoi organisé sur-mesure pour eux, soutien populaire inédit compris. Un comble. Dont ils vont bien devoir se sortir.