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Les Américains vont adorer mais pas qu’eux. A mi-chemin entre l’image d’Epinal et la prouesse technique, les médailles olympiques et paralympiques des JO de Paris contiendront toutes un petit morceau de… tour Eiffel. Après les mascottes aux allures révolutionnaires de bonnet phrygien, difficile de faire plus fort en symbolique.
En plus de la quête sportive, «c’est un peu une idée unique de ramener un bout de la France à la maison», s’enflamme Martin Fourcade, quintuple champion olympique de biathlon et président de la commission des athlètes de Paris 2024 qui a participé à l’élaboration des breloques ces derniers mois.
Les siennes de médailles ne trônent pas dans son salon mais dans le hall d’entrée de son équipementier, Rossignol, près de Grenoble. Au point que les filles du brun longiligne doutent de son palmarès puisqu’elles n’ont aucune preuve tangible sous la main. La famille Fourcade a donc prévu un voyage cet été jusqu’en Isère pour réaliser que «c’était bien ça le job de papa».
«Les athlètes vont rapporter un bout de Paris chez eux, c’est fou», salue aussi Béatrice Hess même si pour cette grande nageuse paralympique qui totalise 26 médailles à elle seule, le vrai symbole n’est pas là. Ce qui compte à ses yeux c’est que comme pour le logo de Paris 2024, les breloques seront quasi-identiques pour les olympiques et les paralympiques.
«On a fait des pas de géant dans la reconnaissance et l’égalité, se félicite la sexagénaire en fauteuil avant de faire admirer ses cinq médailles d’or paralympiques, dégainées de son sac à main parme. Il est loin le temps où on venait faire un reportage sur nous quinze jours après notre retour des Jeux».
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Concrètement, côté face, les médailles seront toutes rondes avec un petit hexagone de métal gris venant de la tour Eiffel en leur centre d’où part un rayonnement ciselé mais le côté pile diffère. Sur les olympiques, figurent une Nike, déesse de la victoire, un Parthénon et une tour Eiffel, dont la finesse d’exécution ne compense pas une allure furieusement IIIe République. Les paralympiques, bien plus belles selon Libération montrent une vue plongeante de la tour Eiffel comme si vous vous teniez juste en dessous.
18 grammes de tour Eiffel et un Antoine Arnault lyrique
Figures imposées par le CIO, chaque décoration fera 85 mm de diamètre et 9,2 mm d’épaisseur, avec des poids différents, 529 g pour l’or, 525 g pour l’argent et 455 g pour le bronze. Dont les fameux 18 grammes du fer puddlé utilisé pour construire la Tour Eiffel originelle, en 1899, et prélevé au fil du temps lors d’aménagement et de réparations successives. Au total, entre les essais et le sertissage des 5 000 et quelques médailles de Paris 2024, il a fallu une tonne de morceaux de la construction de Gustave Eiffel.
Selon les règles du CIO, la médaille d’or doit présenter une teneur minimale de 92,5 % d’argent qui est ensuite plaqué de six grammes d’or. Les médailles d’argent ne contiennent… que de l’argent et celles en bronze sont en réalité composées de cuivre, étain et zinc.
Les modèles parisiens ont été fabriqués par la Monnaie de Paris et dessinés par le joaillier Chaumet, propriété de LVMH, partenaire premium de Paris 2024. D’où la présence jeudi au Pulse, le siège du comité d’organisation à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) d’Antoine Arnault, fils de et chargé de l’image du groupe de luxe.
Qui n’a pas lésiné sur le dithyrambe. Ces médailles ne sont «pas seulement des médailles mais une œuvre d’art sublimant la France» ainsi qu’un «symbole intemporel des valeurs universelles portées par le sport» et les Jeux de Paris seront, selon son analyse, une «formidable vague de jeunesse et d’énergie» et une «célébration mémorable du sport et du dépassement de soi». Pfiou.
Avec la tour Eiffel et l’hexagone, les breloques unissent deux «symboles absolus» de la France, s’est félicité de son côté Tony Estanguet, président du Cojop, surnommé le «chercheur d’or» par le présentateur Mathieu Lartot. Référence factuelle à son palmarès olympique, la formule a fait sourire sur les bancs de la presse à l’heure des questionnements sur son salaire, qui ferait l’objet d’une enquête du Parquet national financier.