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Finale

JO de Paris 2024 : les rêves dorés des basketteurs français éteints par «Team USA»

JO Paris 2024dossier
Dans le coup jusqu’au bout, des Bleus valeureux ont cédé face aux talents américains portés par un LeBron James et un Stephen Curry de gala samedi à Bercy. Ce sera l’argent, comme à Tokyo.
Les Français après leur finale perdue contre les Etats-Unis ce samedi. (Denis Allard/Libération)
publié le 10 août 2024 à 23h40

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Quand on n’est pas Américain, l’or au basket est une matière si rare que l’on penserait presque qu’il n’existe pas. Ce samedi 10 août, les Bleus l’ont cherché quarante minutes durant, avec l’illusion fixe qu’il s’en cachait sûrement dans les tréfonds du parquet de Bercy. Qu’il leur fallait pour cela puiser au plus profond, sous les ruines encore fumantes de colosses américains dont ils s’étaient juré d’avoir la peau quelques instants plus tôt. Le fracas du réel à l’issue de la finale, perdue 87-98, incitait plutôt à voir des Américains plus que jamais perchés sur leur vertigineux piédestal. Inatteignables, même quand les Français se sont démenés à chaque seconde de leur finale pour les faire tomber.

Avant d’imaginer le bal de fin, une première mission consistait à rester le plus longtemps possible aux basques des Américains. C’est-à-dire à une dizaine de points, pas plus. Et au moins jusqu’en fin de troisième quart-temps. Mission accomplie, quand Evan Fournier puis le revenant Nando De Colo, 37 ans, ramenaient la France à six unités et dix minutes à jouer, et même trois à trois minutes du buzzer. Au prix d’une lutte de chaque instant.

Tempo implacable

Un combat qui a démarré avant même le match. Huées de bienvenue pour Joel Embiid, lui-même agitant les mimines en direction des travées parisiennes, garnies de célébrités. Il fallait être à l’heure pour le coup d’envoi. Dans la foulée ou presque, dunk rageur du «King» LeBron James. Trois points puis dunk de Victor Wembanyama, dont le compteur flirtait déjà avec celui de la demie contre les Allemands. Tout le monde se toise. Kevin Durant démarre le trashtalking avant même d’avoir inscrit un panier. Ça s’embrouille entre Embiid et Gobert. Entre Embiid et le public. Entre Embiid et tout le monde.

Petit à petit, les Etats-Unis impriment leur tempo implacable. Un rythme archi soutenu, où on ne laisse pas le chrono tourner avant de shooter. A la moindre perte de balle tricolore, le public de Bercy pouvait les voir courir comme des dératés, sanctionner l’erreur en contre-attaque. Reste qu’en demi-finale, les Américains ont donné à voir de sacrées failles. La plus visible, qui a dû faire mariner le sélectionneur français Vincent Collet : cette sélection a une défense plutôt laxiste.

Rêves dorés

Or, le basket est une recherche constante d’espace. Faire vivre la balle pour créer le décalage qui va mettre le partenaire dans un fauteuil. Quand les Français l’ont fait, par exemple en début de second quart-temps, Guerschon Yabusele ou Bilal Coulibaly se sont régalés.

A l’inverse, il faut tout réduire à la portion congrue lorsqu’il est question de protéger son panier. Avec, pour les Bleus, l’équation suivante : comment réussir à fermer l’axe pour empêcher le train LeBron James de se lancer à pleine vitesse, sans laisser libres les artilleurs étasuniens à l’extérieur, calés dans leur spot sucré ? Les Français ont tenté comme ils pouvaient de la résoudre. Mais venir aider le copain, c’est laisser Durant, Booker, Curry, Edwards ou Embiid dynamiter de loin. A trois minutes du terme et alors que la France était revenue à un souffle, Stephen «Chef» Curry a ainsi ressorti le tablier des demies, sa recette fétiche : quatre tirs longue distance, inhumant pour de bon les espoirs de come-back tricolores. Sa célébration «bonne nuit» brevetée, la main collée contre l’oreille, en prime. Cuisant.

Alors il restera aux Bleus les gestes d’éclats. Les actions de grâce. Ce trois points du parking de Bercy de Matthew Strazel avec la planche, pour recoller à un point. Ce poster collé par Guerschon Yabusele sur le corps tout d’un coup moins souverain de LeBron James, que tous les petits Français agraferont soigneusement dans leur chambre et regarderont avant d’aller se coucher. Et de s’endormir bercés de rêves dorés.