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Déception

JO de Paris 2024 : les taxis demandent une compensation face à la baisse de leur activité

JO Paris 2024dossier
Les taxis sont très déçus par leur niveau d’activité depuis le début des Jeux olympiques et demandent des compensations publiques, dans une lettre datée du 31 juillet envoyée par leurs syndicats au ministère des Transports.
Une camionnette et un taxi sur la place du Tertre, à Paris, le 25 avril 2024. (Miguel Medina/AFP)
publié le 1er août 2024 à 16h07

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«Honnêtement, je regrette d’avoir à faire ce courrier.» Rachid Boudjema, président de l’Union Nationale des Taxis, est dépité. Il cosigne une lettre datée du mercredi 31 juillet envoyée au ministre des Transports, Patrice Vergriete, pour demander un fonds de compensation financière pour les taxis. La Fédération Nationale des Artisans du Taxi, la Fédération Nationale du Taxi, la Fédération Nationale des Taxis Indépendants, l’Union Nationale des Taxis, l’Union Nationale des Industries du Taxi, sont tous d’accord, les JO de Paris 2024 sont «une grande déception». L’offre de transport est surabondante par rapport au besoin. «La demande est encore au ralenti et l’activité est profondément entravée par ces Jeux pour l’ensemble de la profession», écrivent-ils. Pourtant, ils y croyaient. «On a mis une pression d’enfer sur nos troupes pour qu’elles restent. C’est un événement mondial, il fallait faire bonne figure», rembobine Rachid Boudjema.

Les taxis sont là, mais pas les clients. Dans leur lettre, les syndicats parlent d’une baisse de revenus allant «jusqu’à 40 % voire 50 % dans certaines situations». Auprès de Libération, Rachid Boudjema précise qu’ils «n’ont pas eu le temps» de faire une enquête exhaustive mais les remontées sollicitées auprès de leurs adhérents font état de baisse d’activité de «20% à 25 % dans certains cas, de 35 % dans d’autres, à Marseille, notamment».

Comment expliquer cette baisse ?

«Pour les taxis qui n’ont pas de groupement radio, type G7, la perte peut être vraiment très importante», explique Christophe Van Lierde, premier vice-président de la FNDT. Et pour cause, ils «exploitent une autorisation de stationnement avec une zone géographique bien définie qui représente leur zone de chalandise», rappelle la lettre. Si cette zone se trouve soumise à des restrictions strictes de déplacement, leur activité s’en ressent automatiquement. D’autant plus qu’à Paris, les zones rouges, interdites à la circulation, ou soumises à un QR code pour le déplacement, sont situées dans des zones «d’activité traditionnelles les plus importantes pour les taxis parisiens, telles que les centres de congrès, les salles de spectacle et de sport et le “triangle d’or” au cœur de Paris». Au ministère, on considère que «l’activité a pu reprendre de manière plus fluide» depuis le début de la semaine en raison de la levée des «indispensables mesures de sécurité et particulièrement celles liées à la cérémonie d’ouverture».

Mais les taxis soulèvent d’autres problèmes. Les autorités ont tellement communiqué sur la galère dans les transports pendant les JO, que tout le monde semble avoir pris les devants. «Il y a beaucoup moins de déplacements professionnels», peste Christophe Van Lierde. Beaucoup de Franciliens sont en congés, d’autres en télétravail, les congrès professionnels aussi ont été reportés. La capitale n’est pas la seule concernée. «A Marseille, ce sont 200 bateaux de croisière en moins par rapport à l’an dernier», affirme Rachid Boudjema.

Et les problèmes n’ont pas commencé le 26 juillet avec la cérémonie d’ouverture. Les taxis pointent que, dès mars, les travaux pour préparer la capitale ont diminué leur activité. «On se disait que c’était une mauvaise période pour nous offrir une bouffée d’oxygène ensuite, mais non», constate Rachid Boudjema. Christophe Van Lierde constate que «des collègues ont finalement préféré prendre des vacances que de rester sur le secteur sans rien faire».

Que peuvent espérer les taxis ?

Les syndicats de taxi demandent une réunion avec le ministère des Transports pour définir les modalités d’un «fonds de compensation financière couvrant toute la période» de mars à fin octobre 2024. «Il est inimaginable que les taxis supportent seuls les conséquences financières des choix des pouvoirs publics. La solidarité nationale doit fonctionner pour dédommager les chauffeurs afin qu’aucun ne se retrouve en difficulté à cause des Jeux Olympiques et Paralympiques» arguent-ils.

Mais un gouvernement démissionnaire peut-il répondre à leurs attentes ? «Oui il peut agir. Ils sont dans leur mission. Nous sommes la sentinelle qui tire la sonnette d’alarme. Des gens commencent à être asphyxiés, essayons de trouver des solutions», positive Rachid Boudjema. Son collègue Christophe Van Lierde y croit aussi. «On ne peut pas ignorer les professionnels sur le secteur pendant les JO !» Auprès de Libération, le cabinet de Patrice Vergriete assure que le ministre «s’engage à étudier les demandes émises par le secteur». Un point peut réconcilier tout ce beau monde. Les voies JO, ces voies de circulation réservées à l’organisation et aux taxis. «On demande des voies pénétrantes sur Paris depuis 2008. Je n’ai que des bons retours des clients et des taxis. J’espère qu’elles vont rester», ose Christophe Van Lierde. Il y a donc quelque chose à sauver de ces JO.