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Fleuret

JO de Paris 2024 : pas d’éclaircie dans le sombre ciel d’Ysaora Thibus

Après un premier semestre chamboulé par une affaire de dopage et une blessure, la championne du monde 2022 est sortie dès le premier tour. Pas vraiment une surprise.
La fleurettiste française Ysaora Thibus dimanche 28 juillet au Grand Palais, à Paris. (Franck Fife/AFP)
publié le 28 juillet 2024 à 15h31

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Il n’y a pas eu de miracle pour Ysaora Thibus. L’annus horribilis continue pour la fleurettiste française, championne du monde 2022. Contrôlée positive à un anabolisant en janvier et suspendue puis blanchie, elle a appris juste avant les Jeux que l’Agence mondiale antidopage faisait appel de sa non-suspension. Si l’appel est entendu, ses résultats aux JO pourraient être invalidés. Elle s’en moquerait sans doute si, après son élimination en individuel ce dimanche 28 juillet dans la matinée, il n’y avait l’épreuve par équipes. On n’ose imaginer ce qui traverserait le cerveau de la Guadeloupéenne si une médaille remportée sur la piste s’évanouissait sous un tapis vert.

Entre-temps, elle s’était blessée au genou, lors des championnats d’Europe qui marquaient sa reprise, et n’avait pu s’entraîner sérieusement qu’une semaine avant les Jeux. Dernière couche de malchance sur la tartine des désillusions, le sort lui avait désigné la Polonaise n° 5 mondiale Julia Walczyk-Klimaszyk, une fleurettiste en plein essor, pour son premier tour.

L’entraîneur du fleuret féminin français Yann Detienne avait usé de la méthode Coué : «La première véritable séance, le 15 juillet, a été compliquée parce qu’elle avait beaucoup d’appréhension. Mais au lendemain, il n’y a eu aucune douleur, le genou n’était pas gonflé, tout était positif. Ça a été vraiment une progression très cohérente. Elle est de mieux en mieux, assurait-il quelques jours avant les Jeux. Elle est de plus en plus performante.» L’intéressée elle-même avait des fourmis dans les jambes et le bras droit, pressée d’en découdre : «Avec tout ce qui m’est arrivé cette année, honnêtement, je pense que je suis au-delà de ce que les personnes peuvent attendre en ce moment. Ce sont mes quatrièmes JO et tout le monde sait que je me suis battue pour y être. Moi j’aime l’opposition, j’ai vraiment hâte de rentrer en lice dimanche», positivait-elle jeudi.

De l’opposition, Thibus en a proposé à la Polonaise sous les vivats du public du Grand Palais. Elle a défendu chèrement son steak. Après un début timide, elle prenait pour la première fois la tête (8-7) au milieu du deuxième tiers-temps, puis menait 12-11, à 3 points de la victoire, avant d’encaisser quatre touches qui scellaient sa défaite. Suivie d’un tour d’honneur sous les acclamations, avant les larmes en coulisses.

«Je donnerai tout pour cette équipe»

«Psychologiquement, cette période a été dure, retraçait la Guadeloupéenne après sa défaite. Malgré tout ça, aujourd’hui, j’ai fait un match qui n’était pas trop mal.» Elle reconnaissait n’être qu’à 80 % de ses capacités physiques : «Il me manquait de la mobilité et de la fluidité sur certaines touches. Je suis quand même fière d’avoir pu faire un tel match après un mois de rééducation.»

A 32 ans, Ysaora Thibus a certainement vu ce dimanche ses rêves de médaille olympique en individuel s’envoler. Reste l’épreuve par équipes, jeudi 1er août. Elle avait emmené les Bleues jusqu’à la deuxième marche du podium à Tokyo. Thibus y croit après la prestation de ce dimanche : «J’ai montré de l’opposition, souligne-t-elle. Par équipes, ça se déroule en relais de cinq touches. Je serai présente et je donnerai tout pour les filles et pour cette équipe.»

Jeudi, elle avouait avoir songé à se retirer de l’épreuve par équipe étant donné le risque de voir une éventuelle médaille retirée après coup. Pas question pour ses trois coéquipières, unanimes pour y aller avec Thibus. L’une d’elles, Pauline Ranvier résume leur état d’esprit : «On s’est dit qu’on pouvait nous enlever la médaille, mais qu’on ne nous enlèverait pas les émotions qu’on aura ce jour-là.»