Défiler sur la Seine en brandissant l’oriflamme tricolore. Déjà très prestigieuse, la fonction de porte-drapeau de la délégation française est cette année encore plus convoitée pour ces JO à domicile. En espérant s’éviter la moindre controverse, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui chapeaute le processus de désignation, a durci ses critères cette année, sans réussir à échapper… à la controverse, venue alimenter le JO bashing ambiant.
Car pour la première fois, les quatre élus – deux hommes et deux femmes en comptant les paralympiques – seront désignés par leurs pairs. Les votants, à savoir l’intégralité des athlètes qui composeront la délégation française cet été (soit entre 560 et 565 sportifs), devront choisir un seul nom parmi une short-list où ne pourront figurer qu’un candidat et une candidate par discipline.
Un processus qui ne fait pas l’unanimité
Dévoilées mi-mars, les nouvelles règles du CNOSF réduisent drastiquement le contingent des aspirants. C’était le but : renouveler les têtes et les noms. Les candidats devront avoir déjà participé à une olympiade, ce qui exclut de fait les néophytes des Jeux, comme Kylian Mbappé, Antoine Dupont ou Victor Wembanyama. Mais ils devront également ne jamais avoir tenu ce rôle, comme Clarisse Agbégnénou au Japon il y a trois ans ou Teddy Riner en 2016. Un ultime critère d’exemplarité demande de fournir un extrait du bulletin numéro 3 de leur casier judiciaire, lié aux condamnations à de la prison ferme pour crimes et délits, ainsi qu’une attestation sur l’honneur de n’avoir jamais été sanctionné disciplinairement et /ou pénalement pour toute affaire relative au dopage, aux violences sexistes et sexuelles ou à la manipulation des compétitions. Ce dernier point évince de facto Nikola Karabatic, condamné par la justice dans une affaire de paris avec son ancien club de Montpellier.
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Transparent mais secouant le petit milieu du haut niveau, le processus ne fait pas l’unanimité. «Il y a les Français et les chiffres qui expriment une certaine volonté et de l’autre côté des personnes œuvrent en backstage pour imposer des conditions discriminantes pour désigner les porte-drapeaux», rageait peu de temps après sur X (anciennement Twitter) la sextuple championne du monde et double championne olympique de judo Clarisse Agbégnénou, invoquant un sondage qui la plaçait en tête des favoris chez les femmes.
Qui donc, alors, pour enfiler le costume le 26 juillet ? Quelques noms reviennent avec insistance : le nageur quadruple médaillé Florent Manaudou fait offre de candidature dès qu’il peut, tout comme la vice-championne olympique de lancer du disque Mélina Robert-Michon, 44 ans et en lice pour ses septièmes olympiades. «Etre porte-drapeau signifie représenter l’ensemble des athlètes. C’est fort parce que souvent on met en lumière des médaillés potentiels alors que la délégation, ce sont des athlètes de tous univers, tous âges, des disciplines super connues, d’autres moins et c’est ça qui fait la force des JO», analyse la discobole auprès de Libération. Autres favoris : Wendie Renard, Pauline Ferrand-Prévot, Estelle Mossely, Renaud Lavillenie ou Nicolas Batum. En attendant la fin des tournois de qualification olympique et des candidatures au job suprême, on saura mercredi 17 avril à quelle date les noms des porte-drapeaux seront annoncés.