Elle coule en contrebas, imperturbable, ignorante des milliers de regards bientôt rivés sur elle. Voilà deux ans que Thomas Jolly a fait de la Seine son fief et sa partenaire. Nul hasard qu’on le rencontre près d’elle, en plein cœur de la capitale, dans un hôtel dont le dernier étage offre une vue panoramique sur les berges désertes, étrange réminiscence d’une période de confinement déjà lointaine. Lui en haut, elle en bas.
Le directeur artistique des cérémonies olympiques apparaît souriant, enthousiaste – détendu, oserait-on presque. «Je me sens plus impatient que stressé, mais peut-être suis-je simplement inconscient.» Sans doute faut-il l’être pour garder le cap de ce projet pharaonique, dont les chiffres de la seule soirée d’ouverture suffisent à donner le tournis : trois heures et quarante-cinq minutes, 6 kilomètres, 10 ponts, 80 écrans géants, 3 000 artistes, 500 habilleurs, coiffeurs et maquilleurs, de 900 à 3 000 euros la place, 300 000 spectateurs. C’est la première fois qu’une cérémonie n’aura pas lieu dans l’enceinte d’un stade et c’est précisément ce qui séduit Jolly : rompre avec les usages.
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Il a imaginé cette parade olympique façon grand show, comme il en a l’habitude. A la phase de conception où tous les rêves sont permis, a succédé la découverte de contraintes titanesques – le patrimoine, le budget, la technique, la sécurité, mais aussi les ponts, le vent… Et même les poissons ! «Le réel qui rattrape, résume-t-il. Ne rien rogner à l’intention i