Ambiance de folie ce jeudi soir au Stade de France avec la victoire du VII de France contre l’Argentine (26-14) en quart de finale du tournoi olympique. Bien avant le coup d’envoi, le public était en feu. Qu’est-ce qui pouvait mettre en joie les spectateurs avant ce match ? Une victoire du Kenya contre l’Uruguay en match de classement ? Ils l’ont eue (19-12 à la mort subite). Une victoire des Néo-Zélandais contre les Sud-Africains, dont les septistes sont aussi mal-aimés que les quinzistes du côté de Saint-Denis, lors du premier quart ? Ils ne l’ont pas eue (victoire des Sud-Africains 14-7). Ce match n’était même pas terminé que les travées tentaient une Marseillaise et hurlaient des «Allez les Bleus» furieux. Avant de battre un record de décibels à l’annonce du nom d’Antoine Dupont. Fut-il remplaçant.
Les Pumas, meilleure nation mondiale cette saison, sont les meilleurs ennemis du VII de France. Leur dernier match, victoire des Bleus 19-5 en finale du circuit mondial, s’était terminé en partie de bourre-pifs. Les protagonistes s’étaient promis une revanche électrique. Elle le fut. Dans le stade, c’était Austerlitz pour chaque ballon piqué aux Argentins, une bronca pas possible quand les Sud-Américains avaient le ballon. Alors quand Andy Timo puis Aaron Grandidier Nkanang, par deux fois, ont plongé dans l’en-but, le stade a explosé. Et un et deux et trois essais (transformés) à zéro. 21-0 à la pause pour les Bleus. Voilà profondément enterrés sous la pelouse du Stade de France, les errements, maladresses et approximations des premiers matchs. Asphyxiés par la défense du XV de France, les Argentins évoquent plus un matou empâté pris dans les phares d’une voiture et ne sachant plus par où s’échapper que des Pumas.
Dupont le filou à la sirène
Mais l’expression «un match n’est jamais achevé avant que l’arbitre n’en ait sifflé la fin» aurait pu être inventée pour le rugby à VII tant les retournements de situation y sont fréquents. Ce match n’y a pas échappé. Un plaquage raté et c’est l’essai assuré pour les Argentins qui s’en voient ensuite deux refusés par l’arbitrage vidéo. Mais ils ont clairement repris du poil du félin et acculent les Bleus sur leur ligne.
Un carton jaune pour un bleu, pour un énième hors jeu, un nouvel essai, ils reviennent à 14-21. Il reste deux minutes, que les Français vont jouer à 6 contre 7. S’il est bien une chose impossible en rugby à VII, c’est jouer la montre. Et rien n’est impossible pour Antoine Dupont qui filoute un essai à la sirène. La France s’impose 26-14 et rencontrera l’Afrique du Sud en demi-finale, samedi à 15 h 30.
Pas de cérémonie d’ouverture
Après le match, Aaron Grandidier Nkanang, resituait le début de tournoi poussif des Bleus et leur métamorphose de ce jeudi soir. «On s’est rendu compte qu’on était aux JO à la maison. On avait plus la dalle ce soir. Et contre les Argentins, si tu n’es pas présent au combat…» Et le gaillard d’1,86 m d’avouer qu’il n’avait «jamais connu de telles émotions» : «J’étais presque en larmes à la fin du match. On a dû péter le record de spectateurs d’un match de rugby fois deux ou fois trois.» Enorme émotion aussi pour Andy Timo : «J’ai eu l’impression de jouer une finale.» Stephen Parez Edo Martin, le plus expérimenté des Bleus : «C’était quelque chose de très spécial, ça a peut-être déstabilisé les Argentins. On voulait leur rouler dessus, c’est ce qu’on a fait en première mi-temps, et en deuxième on a su garder la tête froide.»
Ce jeudi 25 juillet au soir, il y a donc une bonne et une mauvaise nouvelle pour ces Bleus. La bonne : ils sont en demi-finale de «leurs» Jeux olympiques. La mauvaise : «Le coach ne veut pas qu’on regarde la cérémonie d’ouverture pour se préserver avant l’Afrique du Sud», rigole Andy Timo.