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On a peut-être assisté à l’un des plus grands symboles de ces Jeux olympiques parisiens. Lundi 5 août, les Américaines Simone Biles et Jordan Chiles se sont prosternées sur le podium devant la Brésilienne Rebeca Andrade, 25 ans, championne olympique de gymnastique. Trois femmes noires sur un podium longtemps blanc. «Les autres doivent soit applaudir soit digérer ça», raconte la médaillée qui vient d’une banlieue populaire de São Paulo.
Après des finales ponctuées de chutes (notamment en poutre) et d’acrobaties délirantes, la rivale de Simone Biles a offert à son pays une inédite médaille d’or au sol. D’une élégance redoutable dans son justaucorps turquoise à paillettes, Andrade a pris toute la lumière à la faveur d’un grand spectacle au sol, entre diagonales aériennes et déhanché explosif sur des percussions brésiliennes.
«Les pingouins de «Madagascar»»
Simone Biles, qui signait peut-être ses derniers Jeux, l’a admis : «Rebeca est une personne incroyable, qui me donne envie de mieux performer.» Déjà lors de la prestigieuse finale du concours général individuel, jeudi, l’Américaine et la Brésilienne s’étaient livrées à un combat épique. Et c’est au sol, dernier agrès, que Biles avait fini par l’emporter d’un gros point.
Lundi, les rôles se sont inversés. L’Américaine dépasse deux fois du praticable, finit son mouvement le mollet en feu. Après sa performance, la Brésilienne, elle, s’arme de ses lunettes pour s’assurer de ce qu’elle voit : elle s’impose bien à 33 centièmes. Un minuscule écart pour une immense surprise. Elles s’enlacent. «On s’est soutenues l’une et l’autre, un peu comme les pingouins dans Madagascar», rigole Andrade. Les hurlements des supporteurs jaune et vert dépassent ceux des Stars and Stripes. Pour la première fois, les gradins chantent les paroles de l’hymne brésilien.
Parcours cabossé
La poutre avait déjà annoncé la couleur : Andrade a dominé Biles, perturbée par la violente chute de sa camarade Sunisa Lee. Les «come on Simone !» étaient rembarrés par des «chuuuuut» et l’Américaine chute dans sa série arrière. Andrade effectue, elle, un mouvement plus fluide mais avec quelques déséquilibres. Elles qui étaient 3e et 2e lors des qualifications, finissent 4e et 5e. Deux Italiennes outsiders décrochent l’or et le bronze, complètement interloquées en conférence de presse aux côtés de l’immense Biles rompue à l’exercice.
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A l’instar de son homologue américaine, la plus grande gymnaste brésilienne du monde aux 8,4 millions d’abonnés sur Instagram a un parcours cabossé comme les médias les aiment. Elevée par une mère divorcée et seule fille d’une fratrie de huit, l’athlète a créé un boom d’inscriptions en gym dans son quartier, depuis les Jeux de Tokyo où elle avait raflé l’or au saut de cheval et l’argent au concours général. On parle même d’«effet Andrade». «J’ai demandé à Dieu de m’aider. L’important n’est pas que j’aie battu Simone, mais que je me sois battue moi-même.» Brazilian dream.