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«Vous n’avez encore rien vu.» Depuis une semaine, les spots télé promettent du grandiose et de l’inédit pour une cérémonie d’ouverture hors normes sur la Seine, ce vendredi 26 juillet au soir. Pour les athlètes français, vu le côté unique – être sélectionné aux JO à la maison – et historique – un défilé fluvial de près de quatre heures – il est plus que tentant d’aller vivre l’événement dans son cœur. Mais ceux qui disputent des épreuves dans les jours qui viennent font face à un sacré dilemme : comment concilier célébration et compétition ? Ce serait cocasse de débarquer sur le terrain, le ring ou le tremplin, les yeux à moitié ouverts et les jambes engourdies par de longues heures passées en position debout – ce que les organisateurs ont promis aux sportifs embarqués dans le Paquebot, le bateau de la délégation française.
Pour ne prendre aucun risque, certains ont tout bonnement fait une croix sur la cérémonie. Au programme des nageurs français, ce sera donc soirée télé dans les chambres du village olympique. Avec les copains. La fédération de natation n’a pas voulu qu’ils soient de la fête. «Beaucoup d’entre nous nagent le lendemain, il faut rester tous ensemble pour les accompagner, car on fonctionne comme une équipe», tente de justifier Pacome Bricout, qualifié sur le 800 mètres, les yeux levés vers le staff pour s’assurer que sa réponse est conforme. Moins timide, le champion du monde de 100 mètres papillon Maxime Grousset glisse : «J’espère qu’on aura quand même des étoiles dans les yeux.»
«Ne pas avoir les jambes coupées le lendemain»
L’exception à la natation s’appelle Florent Manaudou, élu porte-drapeau des Bleus avec Mélina Robert-Michon. Un statut qui l’oblige, il précédera la délégation française lors du défilé sur la Seine. Le nageur titré à Londres compte bien faire honneur aux «plus de 560 sportifs» qu’il représente. Mais comment conjuguer cette cérémonie, un «véritable rêve» selon ses mots, avec les courses du relais 4x100 mètres qui tombent dès samedi ? «Pas de pression même si je nage les jours suivants», clame Manaudou. S’il a bien l’intention de disputer le 4x100 mètres samedi, ce sera sur la finale du soir (à condition que la France se qualifie) et en faisant l’impasse sur les séries du matin. Le porte-drapeau qui a déjà vécu trois JO a fait ses calculs : «A Paris, nous allons rentrer plus tôt que lors d’autres cérémonies d’ouverture. La fatigue sera moindre.»
Quand on lui demande si elle est déçue de ne pas avoir été élue porte-drapeau, la boxeuse Estelle Moselly, elle, relativise : «Finalement, ce n’est peut-être pas plus mal, car je combats dès samedi 27. Je n’aurais sans doute pas pu assister à la cérémonie dans de bonnes conditions.»
Même s’ils n’y étaient pas tenus, et malgré les épreuves qu’ils disputent parfois quelques heures après la fin de la cérémonie prévue aux alentours de minuit, d’autres Bleus ont malgré tout voulu en être. «On est conscient du risque», assume Victor Lockwood, capitaine de l’équipe de France de hockey sur gazon, qui entame son tournoi olympique par un match décisif contre l’Allemagne, à 17 heures samedi. Staff et joueurs ont anticipé et pris leurs dispositions. «La première chose, déjà, pour ne pas être en difficulté musculaire et avoir les jambes coupées le lendemain, c’est de ne pas rester en station debout pendant des heures, énonce-t-il. Donc on a demandé à pouvoir être assis durant la cérémonie. On s’est aussi arrangé pour partir avant la fin, ce qui nous permettra d’arriver au village olympique en soirée et non à une heure avancée de la nuit.»
«Je veux vivre ces Jeux comme une expérience»
Naïs Gillet commence sa journée de compétition encore plus tôt samedi. Elle a rendez-vous à 11 heures au Centre aquatique olympique de Saint-Denis, pour les épreuves de plongeon à 3 mètres synchronisé. Mais elle préfère relativiser : «J’ai fait des compétitions dans de pires états, donc ce n’est pas la cérémonie d’ouverture qui m’empêchera de bien plonger.» La jeune plongeuse ne conçoit pas de rater la parade sur la Seine. C’est sa première olympiade, avec une qualif assurée grâce au statut de pays hôte.
Elle n’a qu’une infime chance de médaille, «donc je veux vivre ces Jeux comme une expérience, et la cérémonie d’ouverture en fait partie. J’aurais eu des regrets en n’y allant pas.» Le sport et l’enjeu la rattrapent un peu quand même : «Peut-être que je n’irai pas jusqu’au bout.»