Menu
Libération
Visite

JO de Paris 2024 : timbre parfum «baguette de pain», sacs à linge à QR codes et salon de tatouage, les trouvailles du village olympique

Avant l’arrivée des délégations sportives, le 18 juillet, visite guidée dans les rues et les immeubles du village olympique en Seine-Saint-Denis.
La Poste a émis en mai une série de timbres «la baguette française», au papier et à la colle aromatisé au goût de pain. (Emmanuel Dunand /AFP)
publié le 2 juillet 2024 à 18h34

Inscrivez-vous ici pour recevoir gratuitement tous les vendredis notre newsletter Libélympique.

Il y en aura forcément un. Un objet auquel les organisateurs des Jeux de Paris n’auront pas pensé dans leur bichonnage du village olympique. Mais la faille sera difficile à trouver vu la liste (non exhaustive) des trouvailles présentées ce mardi 2 juillet au cours d’une balade (exhaustive, elle) dans le camp de base de Seine-Saint-Denis qui s’apprête à accueillir plus de 14 000 résidents. Soit «une petite ville dont tous les habitants auraient décidé d’emménager le même jour», le 18 juillet, sourit Augustin Tran Van Chau, directeur adjoint du village olympique et guide du jour, en goguette-gilet fluo entre la rue Alice Guy et le mail Ada Lovelace.

Village people

Etalé sur trois communes (Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Ile-Saint-Denis), le village compte 82 bâtiments, 3 000 appartements, 7 200 chambres pouvant accueillir 14 250 personnes lors des JO (9 000 athlètes et un peu plus de 5 000 accompagnants, coachs, médecins ou kinés), répartis en 206 délégations nationales. Il y aura un tiers de moins d’occupants fin août – 9 000 – lors des paralympiques. Au total, 16 000 matelas ont été livrés par le fabricant japonais Airweave (dont 1 400 pour le village des médias situé un peu plus loin en Seine-Saint-Denis).

Contrairement aux promesses initiales, Paris 2024 a commandé 2 500 climatiseurs pour équiper les appartements «à la demande des délégations nationales pour répondre à ce besoin extrêmement ponctuel pour des athlètes qui jouent le match ou la compétition de leur vie [et dont] les exigences de confort et de récupération sont supérieures à un été standard», défend Augustin Van Tran Chau. Le village est doté d’un système de géothermie permettant le refroidissement des pièces, censées être à une température de 6 °C de moins qu’à l’extérieur.

Sur toute la durée des JOP, Sodexo prévoit de servir 100 000 petits-déjeuners sur place et 80 000 repas, quand Accor a installé 12 laveries qui comptent chacune vingt machines à laver et vingt séchoirs à linge. Même les techniques de lavage figurent dans les documents qui se transmettent de Jeux olympiques en Jeux olympiques entre pays hôtes. En attendant les sportifs et pour ne pas commettre d’impairs (Teddy Riner dans un kimono taille fillette, ça ferait mauvais genre), «on fait des tests avec nos propres uniformes donc si vous voyez des gens avec des pantalons raccourcis et des sweats déteints, c’est nous», se marre la responsable de l’accueil. Les serviettes de bain seront changées tous les deux jours, les draps tous les quatre.

Hotspots

La poste et la clinique sont des incontournables de tout village olympique qui se respecte. Le salon de tatouage moins«On nous a expliqué que les athlètes aimaient bien repartir avec les anneaux olympiques ou la date de leur médaille sur le bras», glisse une organisatrice. Les tatoueurs seront installés dans la partie «Village club» qui comme son nom l’indique sera un vaste «espace récréatif» avec terrasse ouverte (sans alcool, Coca-Cola règne en maître ici et partout), sept grands écrans pour regarder les épreuves des collègues et des adversaires, des fauteuils de massage et des jeux d’arcade. Ces derniers ont été commandés après consultation de la commission des athlètes, histoire de chiller et de se défouler avant ou après la compétition. Etrangement, on découvre une «salle de repassage» dans l’un des dix «Super Centres Résidents», qui sont, dixit Accor, des espaces «de repos et de convivialité». On se détend comme on peut, on ne juge pas.

Plus conventionnel, il y aura un salon de beauté (coiffure, manucure, barbier) aux horaires extensifs et une «nursery» pour accueillir en journée les enfants des sportifs, qui n’ont pas droit de cité dans le village olympique la nuit. Trop risqué pour le sommeil des compétiteurs. A côté de la supérette Carrefour, la Fnac a créé un «petit» espace culturel qui vend les «produits décidés en concertation avec le CIO». Soit beaucoup de cartes postales, puzzles ou carnets tour Eiffel. Côté bouquins, ça donne des poches en anglais, les best-sellers de Virginie Grimaldi et les polars de Franck Thilliez en français.

Une partie des installations sont nichées dans les bâtiments d’une centrale électrique construite dans les années 30 pour fournir du jus au métro parisien. Avec ses briques blanches couleur chaux, la halle Maxwell accueille un immense centre de fitness de 3 000 m², qui sent encore le plastique après la livraison de 1 800 équipements flambant neufs donc 100 tapis de course alignés. Après l’été, elle sera reconvertie en bureaux pour le ministère de l’Intérieur.

Trucs et astuces

Les sacs à linge (deux par athlètes) ont été dotés d’un QR code, histoire de pouvoir retracer le chemin d’un justaucorps avant la finale de gymnastique rythmique et livrer les maillots aux couleurs nationales aux bonnes délégations. La salle de gym, elle, est équipée de plusieurs prototypes de «Biostrength», un banc de musculation inventé par la société italienne Technogym, où un moteur crée la résistance nécessaire. Plus besoin de disques en plomb, une intelligence artificielle s’adapte en fonction de ce que l’athlète veut travailler.

Même si les basketteurs français (de loin les plus grands Bleus) éliront domicile à l’Insep, dans le bois de Vincennes, les lits de 2 mètres en carton ultrarésistants (qui avaient déjà fait parler d’eux aux JO de Tokyo) peuvent être rallongés de 20 cm sans recourir à son couteau-suisse. Une application «Centre d’ajustement des matelas» permettra de scanner son poids, sa taille et son sport afin «d’optimiser les nuits et la récupération». Enfin, à côté de la planche Paris 2024 aux couleurs officielles (bleu et rose layette), la Poste a émis en mai une série de timbres «la baguette française» enrubannée de tricolore. Pour que le cliché soit parfait, papier et colle ont été aromatisés parfum «pain». On a testé, ça sent plutôt le caramel mais on ne va pas chipoter.