«Il fallait qu’on soit dans un jour avec. Aujourd’hui, c’était un jour… avec le public.» Alexis Jandard affiche son légendaire sourire, toujours vêtu d’un simple slip de bain aux couleurs de la France, mais il ne parvient pas tout à fait à masquer sa déception. Avec son partenaire Jules Bouyer, le Français vient de s’emparer de la cinquième place du plongeon à 3 mètres synchronisé. Une épreuve sur laquelle reposait pourtant un espoir de médaille, après le bronze raflé par le duo lors des championnats du monde, l’année dernière, au Japon.

Dans les airs du Centre aquatique olympique, se sont enchaînés ce midi les vrilles, rotations, saltos… conclus par des entrées à l’eau plus ou moins réussies. On a eu mal pour cet Américain qui s’est vautré. A l’issue d’un plongeon complètement manqué, qui a vu l’athlète arriver dans le bassin le ventre en premier, la paire américaine a récolté des notes très sévères, dont des 2 (le plongeon est noté sur 10). Finalement, les deux athlètes envoyés par les Etats-Unis n’ont été synchros qu’au moment d’essorer et jeter la petite serviette qui accompagne toujours les plongeurs (histoire d’être bien secs et de ne pas glisser).

A l’autre extrémité du classement, les Chinois ont été dominateurs, même s’ils se sont fait peur quand les Mexicains leur sont passés devant après le cinquième tour. Médaille d’or pour la Chine, médaille d’argent pour le Mexique, restait à attribuer le bronze, et les Français figuraient parmi les prétendants. Espoir douché après un quatrième saut jugé pas à la hauteur de la concurrence. «On est allés chercher un super bon appel. On était synchros et hyper hauts, on ouvre juste [les bras] trop tard parce qu’on n’a pas l’habitude à l’entraînement d’avoir une telle adrénaline», analyse après coup Jules Bouyer, 22 ans.

Dans le binôme, Jandard est le plus expérimenté. Il est âgé de cinq ans de plus et a déjà une participation aux Jeux à son actif – à Tokyo, où il concourait en individuel. C’est lui qui est chargé de donner le signal pour déclencher leurs plongeons. C’est en outre le plus à l’aise face à la presse, ayant connu une exposition médiatique toute particulière après sa chute en avril, face au président de la République, lors de l’inauguration du Centre aquatique olympique. Après leur prestation, il prend les devants : «On aurait pu faire mieux. Ça fait deux ans qu’on sait que notre place est entre la troisième et la cinquième. Il va falloir digérer cette cinquième place.»

L’essentiel est ailleurs, martèle Alexis Jandard : «La promesse qu’on s’était faite avec Jules, c’était de kiffer notre moment.» Jules Bouyer partage cette philosophie : «C’était un truc de malade. On n’a jamais eu un public comme ça.» La compétition continue seul pour le second, qui est en lice pour le tremplin 3 mètres individuel, dont les demi-finales se tiennent le 7 août, la finale le 8. L’avenir du binôme sera tracé après les Jeux. «On va partir en vacances, et en revenant on mettra au clair les objectifs du synchro», glisse Bouyer. A en croire Jandard, ils ont encore de beaux jours devant eux : «Les championnats d’Europe arrivent dans deux ans dans cette piscine. On se tient prêts.»