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Ce devait être une course dorée, celle qui devait consacrer la belle dynamique du triathlon français. L’affaire a plutôt ressemblé à un long chemin de croix, dès le premier relais. Un virage à gauche mal négocié, le vice-champion olympique néo-zélandais qui se gamelle, entraînant dans sa chute le Français Pierre Le Corre. Une chaîne malicieuse. Et c’est tout une équipe de France qui déraille. Les athlètes tricolores en finissent à une pénible 4e place, plus d’une minute derrière les lauréats allemands.
A des années-lumière du standing de cette équipe tricolore – on la disait encore plus forte que celle qui fut en bronze à Tokyo. La densité du triathlon français est telle que le staff technique a dû faire l’impasse sur Vincent Luis, ancien numéro 1 mondial à ses grandes heures, et son champion du monde 2023, Dorian Coninx, moins en forme que les deux autres garçons : Léo Bergère, champion d’Europe et du monde 2022, en bronze à Paris, et un Pierre Le Corre dans son pic de forme, sur les talons de Bergère dans la course individuelle (4e). Chez les filles, comment faire sans la championne olympique Cassandre Beaugrand et la toute jeune Emma Lombardi, 22 ans, 4e la semaine dernière ?
Une course «cauchemardesque» pour la France
Un quatuor quatre étoiles, pour un plan d’attaque ficelé, limpide : Le Corre en premier pour rester le plus longtemps au contact avec les favoris, Lombardi en deuxième position pour maintenir le tempo, Bergère en trois pour combler d’éventuels écarts voire en creuser si le scénario le permet, et la championne olympique Beaugrand en quatre pour plier l’affaire en patronne. Avec, dans un coin de la tête des Français massés contre les grilles, l’envie de revivre la scène de mercredi une seconde fois, lorsque Beaugrand franchissait seule en tête la ligne d’arrivée.
Mais les aléas dictés par la Seine depuis dix jours étaient là pour le rappeler : le triathlon, c’est l’imprévu. La chute de Le Corre a enrayé la belle mécanique. «Je vais la ressasser pendant des années», soupire l’athlète. «Le premier relais c’est le plus tendu, le plus technique.» Beaugrand acquiesce : «Ils sont en groupe. Ils sont un peu nerveux. [Pierre] se met dans la roue de Hayden Wilde, c’est pas forcément quelqu’un qui chute de base…»
Un déficit d’une trentaine de secondes à combler en relais mixte, où les distances sont deux fois plus courtes, les efforts trois fois plus violents, la chose n’est pas aisée. Surtout quand on est seul, avec la horde de prétendants britanniques allemands, suisses et américains devant, c’est quasi-course perdue. L’épreuve a alors pris des airs de contre-la-montre interminable, conclu malgré tout par un énorme dernier relais. «Quand je vois ce que fait Cassandre sur la fin… soupire Le Corre. C’est cauchemardesque.» Le directeur technique national, Benjamin Maze, relativise : «Ça fera sourire la Fédération française de la lose.»