Une ultime journée sans podium, et voilà l’équipe de France qui repart de Pékin avec quatorze médailles dans ses valises. A une unité de son record, réalisé coup sur coup lors des deux précédentes éditions de Sotchi 2014 et PyeongChang 2018. Avec cinq médailles d’or, elle égalise son meilleur total en termes de titres olympiques. Objectif «pratiquement» atteint, estime la présidente du Comité olympique français, Brigitte Henriques, en dressant dimanche le bilan des Jeux olympiques de Pékin.
D’un point de vue comptable, il demeure correct, quoique légèrement décevant étant donné l’ajout d’épreuves supplémentaires a priori favorables aux Français (Big air, snowboardcross par équipes). Maintenant, pouvait-on faire beaucoup plus, compte tenu des chances de médailles bleues au début des Jeux ? «Notre politique a porté ses fruits, on est présents au freestyle, en snowboard, alpin, biathlon, ski de fond et, d’ailleurs, on fait des médailles dans toutes ces disciplines», se félicite le directeur technique de la Fédération française de ski, Fabien Saguez.
Le biathlon, valeur sûre
Le biathlon a assumé son statut de discipline grande pourvoyeuse de médailles, en compilant sept podiums, dont cinq rien que pour Quentin Fillon Maillet. Avec plus d’un tiers du total, le Haut-Jurassien est incontestablement l’athlète français de ces Jeux. Une moisson exceptionnelle, qui a permis de combler certaines faiblesses, telle l’olympiade difficile vécue par Emilien Jacquelin, numéro 2 mondial de la discipline cette saison, qui rentre sans la moindre distinction individuelle.
Globalement, les déceptions ont été assez peu nombreuses : Alexis Pinturault rentre bredouille en ski alpin, tout comme le ski de bosses après deux rageantes quatrièmes places (Perrine Laffont et Benjamin Cavet). La contre-performance de Pinturault est éclipsée par les trois médailles françaises en ski alpin, qui peut rentrer à Paris satisfait, avec les deux bonnes surprises Clément Noël (or au slalom) et Johan Clarey (argent en descente).
Côté organisation
C’est moins le cas du ski freestyle, l’une des seules disciplines à pouvoir nourrir de vrais regrets, au vu de l’armada présentée en amont des Jeux. On aurait été en droit d’attendre une à deux médailles supplémentaires. Notamment avec le skicross messieurs, où tous les Français ont été sortis dès les quarts, synonyme de nouveau zéro pointé après 2018, bien loin du triplé retentissant de Sotchi. Voire avec la freestyleuse Tess Ledeux, qui passe à côté de son épreuve en slopestyle après sa médaille d’argent à l’issue d’un superbe concours en Big air. Circonstance atténuante : les blessures d’Antoine Adelisse (slopestyle, big air) et Marielle Berger-Sabbatel (skicross), qui auraient pu améliorer le bilan.
Idem pour l’équipe de France de ski de fond, qui fait aussi bien qu’à PyeongChang (le bronze en relais 4x10km hommes), malgré des fondeurs toujours bien placés dans les courses, mais encore un poil trop justes pour monter sur la boîte, à l’image de Richard Jouve et Lucas Chanavat (7e du relais sprint) ou Delphine Claudel (7e du 30 km).
De la glace en désert
Reste les sports de glace, où les attentes demeuraient quasi inexistantes. La seule vraie opportunité a été la bonne, avec le couple de danseurs dorés, Gabriella Papadakis-Guillaume Cizeron. Derrière, comme prévu, le désert absolu, avec des disciplines historiquement faibles, faute de moyens et d’infrastructures (short-track, patinage de vitesse, bobsleigh, luge, etc.).
Portrait
En conférence de presse post-JO, la présidente de Fédération française des sports de glace, Nathalie Péchalat, pose une question qui veut tout dire. «Faut-il privilégier la pratique et les licenciés ou le haut niveau ?» s’interroge l’ex-patineuse. Elle ajoute : «Il est temps pour la France de faire ce travail, de se positionner sur des disciplines maîtresses», après avoir rappelé l’ultra spécialisation assumée de certains pays (les Pays-Bas en patinage de vitesse, la Russie en patinage artistique, l’Allemagne sur le triptyque bobsleigh /luge /skeleton).
Cette question de l’ultra spécialisation devrait animer les prochaines discussions au sein de l’Agence nationale du sport et sa cellule de la haute performance pilotée par l’ancien coach des Bleus du hand, Claude Onesta. Ce dernier souhaite «se projeter vers Milan et Cortina [les prochains Jeux d’hiver en 2026, ndlr]», en mettant l’accent sur le recrutement de techniciens à court terme dans les sports largués pour la médaille. «Il ne faut pas qu’on n’hésite à recruter à l’étranger pour donner la capacité à franchir les derniers paliers vers les podiums. On a voulu laisser passer Pékin. Désormais, on va ouvrir les discussions. Si à certains endroits la culture de la performance est trop faible, il ne faut pas hésiter à aller chercher ceux qui savent.»