Clap de fin sur les Jeux d’hiver de Pékin. Ouvert le 4 février, l’événement a baissé son rideau ce dimanche. Dans l’intervalle, il a distribué 109 médailles d’or, un record pour une édition d’hiver. La Chine, longtemps vue comme un second rôle dans les sports de glace et de neige, en a raflé neuf, pour un total de quinze places sur le podium. Un taux de réussite quasi exceptionnel. Elle pointe en troisième position du classement des médailles, derrière la Norvège et l’Allemagne. Les Etats-Unis suivent un rang derrière. Une hiérarchie peu attendue, même en comptant sur l’avantage du terrain. Sportivement, les Chinois ont réussi leur pari.
Que retiendra-t-on de ces Jeux de Pékin, les deuxièmes consécutifs à envelopper leur décor sous une bulle sanitaire ? D’un point de vue chinois, l’excellence. Pas moins. Le président du comité d’organisation, Cai Qi, a distribué les louanges et les bons points dimanche matin, avant même les derniers podiums. «Les Jeux de Pékin 2022 ont été fantastiques, extraordinaires et excellents», a énuméré le Chinois en conférence de presse. Puis il a expliqué sur le ton de la confidence que le Président, Xi Jinping, s’était déplacé à cinq reprises sur les sites de compétition. «Il a donné ses instructions», a insisté Cai Qi. Lesquelles ? Allez savoir.
Circuit fermé
Les Chinois crient au prodige. C’était attendu. Pour les autres, en revanche, l’impression reste plus mitigée. Les Jeux de Pékin ont alterné entre le bon et le moins bon, les prouesses et les échecs, sans jamais pencher vraiment d’un côté ou de l’autre. Soyons clairs : personne n’attendait une célébration de l’olympisme dans la joie et l’allégresse. Aucune déception, donc. Mais beaucoup prédisaient le pire pour un événement sans public étranger, organisé en vase clos. Il ne s’est pas produit.
Ce qui a marché : la bulle sanitaire, en tête de liste. A vouloir contenir le virus malgré l’entrée dans le pays de délégations venues de 91 nations, les Chinois ont enfermé les Jeux et leurs accrédités dans un circuit fermé aux allures carcérales. Mais le résultat s’est révélé spectaculaire. Au dernier pointage, dimanche, près de 1,8 million de tests ont été réalisés depuis le 24 janvier, pour seulement 437 cas positifs, dont 185 concernaient des athlètes ou officiels d’équipe. Taux de positivité : 0,002%. Bluffant. «Pékin a été l’endroit le plus sûr au monde», a affirmé Thomas Bach, le président du Comité internationale olympique. Les Chinois s’en sont congratulé.
Les volontaires, ensuite. Une joyeuse armée de 18 194 jeunes Chinois habillés de bleu ou de rouge, selon leur position dans la hiérarchie du comité d’organisation. Pour l’essentiel, ils ont été recrutés dans les universités de Pékin. Près de 93% d’entre eux avaient moins de 35 ans. Souvent bilingues, serviables jusqu’au dévouement, capables de trouver réponse à la plupart des questions dans les applications de leurs smartphones, ils sont de l’avis général «le rayon de soleil» de ces Jeux.
Réalité moins brillante
Les sites de compétition, enfin. Les Chinois ont dépensé sans compter pour offrir aux athlètes un niveau d’équipement rarement atteint aux Jeux d’hiver. Exemple : la patinoire de curling. Les organisateurs ont transformé le «cube d’eau» des Jeux d’été de Pékin 2008, piscine des épreuves de natation, en un cube de glace du plus bel effet. Après plusieurs essais, la manœuvre pour changer l’eau en glace leur prend désormais dix-huit jours. Un concept de piscine-patinoire que le Chine entend étendre au reste du pays dès l’hiver prochain.
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Ce qui n’a pas marché : les transports. Le train à grande vitesse construit pour les Jeux d’hiver, entre Pékin et les clusters de Yanqing et Zhangjiakou, a fait l’admiration des passagers olympiques, tous accrédités. L’image d’une Chine moderne et technologique. Mais la succession de bus pour rejoindre la gare de départ, puis les sites de compétition, a révélé une réalité moins brillante. Trois bonnes heures à l’aller, parfois plus au retour, depuis la capitale pour se rendre sur le site de ski alpin.
L’ambiance. Les organisateurs avaient annoncé la présence sur les épreuves de 150 000 spectateurs. Ils ont été finalement moins de 98 000, tous invités, chinois pour l’essentiel. Les compétitions ont souvent atteint des sommets dans leur genre, mais la passion n’a jamais accompagné les athlètes. Au final, une curieuse impression de Jeux d’hiver disputés en petit comité, entre soi. Sous une bulle, dans tous les sens du terme.