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Libération
Quart de finale

JO de Tokyo : les volleyeurs français font chuter la Pologne

Jeux Olympiques de Tokyo 2021dossier
Les handballeurs français avaient ouvert la voie avec leur victoire attendue et tranquille face au Bahreïn. Les basketteurs les ont imités non sans se faire des frayeurs face à l’Italie. L’exploit est venu des volleyeurs opposés au favori polonais (3-2) qui affronteront l’Argentine en demi-finale.
Jean Patry à l'attaque face au bloc polonais ce mardi en quart de finale du tournoi olympique de volleyball, à l'Ariake Arena de Tokyo. (Antonin Thuillier/AFP)
publié le 3 août 2021 à 17h15
(mis à jour le 3 août 2021 à 19h39)

Il ne manquait plus qu’eux pour que le sport collectif français masculin, en salle du moins, se retrouve tout entier à une marche des finales olympiques. Les volleyeurs voulaient imiter leurs homologues du hand et du basket, qualifiés plus tôt dans la journée. Il fallait pour cela terrasser une douzaine de Polonais affamés, double champions du monde en titre (2014, 2018), étiquetés favoris de la compétition.

En d’autres termes : prendre le ballon, et écrire avec un second tome inédit du volley français, après un premier bouclé deux jours plus tôt, lorsqu’en arrachant deux sets au Brésil dans l’ultime journée des poules, les volleyeurs bleus ont permis à la France d’atteindre pour la première fois de son Histoire les quarts de finale d’un tournoi olympique. Alors, s’aventurer jusqu’au dernier carré…

C’est pourtant ce que viennent de réaliser les joueurs de Laurent Tillie, en paraphant une intrigue qu’eux seuls sont en mesure d’écrire. Branchés sur courant alternatif depuis le début du tournoi, ces Bleus étaient capables d’à peu près tout. Alors, pourquoi pas battre la Pologne ? Laurent Tillie ne disait pas autre chose après la résurrection des siens face à l’armada auriverde : «Vous avez vu Djokovic ? Vous avez vu les championnes olympiques chinoises (de volley) qui ne sortent pas de leur poule ?»

Hydre à deux têtes

Imprévisible, pour le meilleur (ce succès arraché 3-1 face aux Russes) comme le pire (la raclée 0-3 contre les Etats-Unis, le revers plus étriqué mais quasi fatal 2-3 contre l’Argentine), son équipe a passé son tournoi à survivre et a réussi à s’extirper de la poule la plus relevée. Surtout, battre la Pologne, la team Yavbou, qui se cherche un nouveau nom après Rio, sait faire. La dernière fois qu’elle a eu la peau des hommes de Vital Heynen, c’était il y a peu : un succès 3-2 lors d’une rencontre de Ligue des Nations en juin dernier.

Pour espérer l’emporter, une nécessité s’imposait : freiner du mieux possible son hydre à deux têtes, la doublette infernale de réceptionneur – attaquant que font Wilfredo Leon Venero et Bartosz Kurek (21 points sur les deux premiers sets). Freiner car il est ici question de deux monstres offensifs, capables de martyriser pendant des heures les défenses adverses. Ce mardi à l’Ariake Arena, le rideau tricolore n’a pas été épargné. Les numéros six et neuf d’en face ont turbiné plein gaz : 46 points à eux deux. Et si le huis clos a bien une vertu, c’est celle de rendre compte aux quelques observateurs de la puissance de leurs smashs en continu.

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Les tourelles bleues – Nicolas Le Goff et Antoine Brizard – auront filtré comme elles ont pu, admirablement, cadenassant au bloc pour notamment boucler le deuxième set. Avant cela, la Pologne s’était détachée dans les derniers instants de la première manche, profitant de deux filets touchés fatals aux Français.

Le dévouement a payé. Par deux fois elle a été menée au score. Mais cette équipe est faite d’un bois rare, une équipe aux ressources physiques et mentales inépuisables. «On s’est bien adapté à leur jeu. On n’a jamais douté, parce que même après la perte du premier set on sentait qu’on jouait mieux qu’eux, qu’on était plus dedans, que les mecs en face étaient fébriles, se félicite le central Barthélémy Chinenyeze. Eux avaient la pression. Nous, on ne l’avait pas. On a senti qu’ils n’étaient pas sereins, on s’est dit : «On lâche pas.» Il n’y a pas vraiment eu de moment de doute.»

A force de faire durer, la bande à Jenia Grebennikov a emmené les Polonais là où ils ne voulaient pas aller. Le monstre a eu des failles : comme ce smash manqué inhabituel de Kurek dans le quatrième set, alors que les Bleus n’arrivaient pas à creuser leur écart de deux points. Cette erreur, suivie d’un bloc français, a payé comptant dans le gain de la manche par les tricolores.

C’est le tournant : à ce moment, la rencontre ne pouvait plus leur échapper. Et l’ultime explication en quinze points n’allait pas être autre chose qu’un show à la française (15-9). Même Laurent Tillie s’y est mis, le sélectionneur tentant tant bien que mal de rattraper un ballon filant en bord de terrain. «La Pologne est out, mais devant il y a encore des très gros», prévient d’emblée Jean Patry, exceptionnel en attaque (18 points sur 29 ballons d’attaque), intelligent, encore, dans son approche du jeu. A savoir l’Argentine, contre qui les Bleus s’étaient sabordés en poules. Le contexte sera tout autre. Qualifiés pour les premières demies de leur histoire, les volleyeurs français ont tout à y gagner.

Mise à jour 18h10 : rajout des déclarations des joueurs