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JO d’hiver 2030 : bientôt la fumée blanche pour Martin Fourcade comme patron des Jeux en France ?

JO d'hiver 2030 dans les Alpes françaisesdossier
Aucune décision n’a été prise concernant le futur boss du Comité d’organisation des Jeux olympiques dans six ans, à l’issue d’une réunion à Matignon ce jeudi 28 novembre. Le nom du biathlète aux multiples titres revient avec insistance.
Le biathlète français à la retraite Martin Fourcade s'exprime lors de la candidature des Alpes françaises aux Jeux d'hiver de 2030 lors de la 142e session du Comité international olympique (CIO) à Paris le 24 juillet 2024, en amont des Jeux olympiques de Paris 2024. (Fabrice Coffrini/AFP)
publié le 28 novembre 2024 à 10h10

Les JO d’hiver 2030 en France devront patienter encore un peu avant de connaître leur patron. Le suspense autour de l’identité du président du futur comité d’organisation des Alpes 2030 dure déjà depuis plusieurs semaines, même si le nom de l’ex-biathlète Martin Fourcade est le plus cité.

Une réunion ce jeudi 28 novembre à Matignon aurait pu être «conclusive», rapportaient plusieurs sources proches du dossier. A vrai dire, Michel Barnier, englué dans un marathon budgétaire qui pourrait se conclure par un 49.3 et une censure, a mille autres dossiers sur son bureau que celui des Jeux d’hiver prévus dans un peu plus de cinq ans, en février 2030. Mais le Premier ministre, qui a été coprésident du comité d’organisation des JO d’Albertville en 1992, scrute l’affaire de près, de même que l’ancien délégué interministériel aux JO Michel Cadot, devenu l’un de ses conseillers.

Seulement, aucune décision n’a été prise au sortir de l’entrevue à Matignon, selon plusieurs sources concordantes. Mais «des critères précis de rémunération et de prévention des conflits d’intérêts ont été fixés» et «il y aura un criblage via les autorités compétentes», à savoir la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et l’Agence française anticorruption (AFA).

Depuis plusieurs semaines, les discussions se succèdent pour décider de la personne qui fera office de chef d’orchestre jusqu’au début des olympiades, les premières sur la neige française depuis Albertville 1992. Une certitude : «Tout le monde est d’accord pour que ce soit un sportif», ont assuré plusieurs sources ces dernières semaines. Mais qui ? Autant pour les JO de Paris, l’homme fort du rugby de l’époque Bernard Lapasset, artisan de la candidature de Paris, avait poussé le coprésident du comité de candidature Tony Estanguet sur le devant de la scène, sans trop de difficultés. Autant cette fois, le choix du futur patron des JO d’hiver en France fait l’objet d’une sérieuse bagarre en coulisses.

«Tony Estanguet des montagnes» pour Macron

L’équation n’est pas simple : celui ou celle-ci doit plaire à l’Etat, président et Premier ministre savoyard compris, au CIO, au président du comité olympique français, et recevoir l’aval de Fabrice Pannecoucke, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) proche de Laurent Wauquiez, et de Renaud Muselier, chef de l’exécutif de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca).

Depuis des mois, le nom de Martin Fourcade, quintuple champion olympique de biathlon, en passe de récupérer un sixième titre olympique remontant à 2010 – du fait de la sanction de son rival pour dopage – circule avec insistance comme le candidat idéal pour incarner ces JO d’hiver. Sans toutefois faire l’unanimité : en septembre, il n’était d’ailleurs plus en pole position pour prendre les rênes du projet. Mais depuis, il «revient en grâce», a fait savoir très récemment à l’AFP une source proche du dossier.

Membre de la commission des athlètes du CIO et du conseil d’administration du comité d’organisation des JO de Paris – une fonction bien commode pour faire du lobbying – Fourcade bénéficie d’un soutien de poids en la personne d’Emmanuel Macron. Le président de la République avait lui-même adoubé le Pyrénéen en le considérant cet été dans l’Equipe comme le «Tony Estanguet des montagnes». Fourcade s’est impliqué pour défendre le dossier de candidature français et était à la tribune en juillet aux côtés du président de la République pour plaider la cause des Alpes devant le CIO, à quelques jours de l’ouverture des Jeux de Paris. Et de l’aveu de plusieurs proches du dossier, l’Elysée et le CIO ne sont pas étrangers à ce retour en grâce.

Wauquiez «se méfie de Fourcade»

L’ex-président de la région Aura Laurent Wauquiez «se méfie de Fourcade», explique une source qui connaît bien les rouages. Le député et président du groupe LR à l’Assemblée plaide plutôt pour Vincent Jay, un autre ancien biathlète. Autres noms revenant régulièrement en coulisses : celui de Marie Martinod, championne de ski acrobatique, ou encore d’Edouard Donnelly, actuel directeur exécutif du comité d’organisation des JO de Paris, qui pourrait devenir directeur général de la structure d’organisation des Alpes 2030.

Les détracteurs de Martin Fourcade mettent en avant des prétentions salariales qui seraient trop élevées et des contrats de sponsoring susceptibles de faire naître des conflits d’intérêts. Le nom du biathlète retraité apparaît en effet sur des contrats paraphés avec plusieurs entreprises. «Les deux partenariats au long cours que je peux avoir sont avec des marques techniques qui, à mon sens, ne sont pas en contradiction avec les enjeux de partenariat du comité d’organisation, Rossignol et Odlo», s’est défendu l’intéressé dans une longue interview à l’Equipe le 23 octobre, qui faisait office d’acte de candidature en octobre. Derrière la question du salaire et l’anticipation d’éventuels conflits d’intérêts, «certains considèrent surtout qu’il est un peu trop indépendant», décryptent plusieurs voix à l’AFP.

Une fois le patron désigné, restera à affiner l’ossature institutionnelle. Avec plusieurs questions en point de mire, dont celle portant sur la nature de la structure juridique pour le futur Cojo : association ou un groupement d’intérêt public ? La réunion de jeudi aura au moins permis d’acter que le Cojo serait implanté «à proximité» de l’aéroport de Lyon-St Exupéry en raison de son «accessibilité», précise Matignon. La Solideo, future structure chargée de construire les ouvrages olympiques, sera elle installée à Marseille, avec une présidence tournante entre le président de la région Paca Renaud Muselier et le président de la région Aura Fabrice Pannekoucke.

Une loi olympique devra en outre être votée pour encadrer l’événement (voies de recours, fiscalité, règles liées à la publicité…). Sur le financement de ces JO, «le budget va être revu pour qu’il soit contenu sous les deux milliards d’euros», selon la même source, alors qu’il était envisagé jusqu’à présent deux milliards d’euros pour le Cojo et 1 milliard pour les infrastructures (Solideo). Soucieux d’économies pour combler les déficits, le gouvernement a prévu d’engager une «revue budgétaire» sous l’égide de la Direction interministérielle des JO «pour prioriser les investissements directement rattachables aux JO». La garantie financière de l’Etat, qui avait été reculée à début octobre du fait de la dissolution de l’Assemblée en juin, doit encore être votée dans le budget.

Mise à jour : à 15h45 avec les réponses de Matignon.