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«Nous avons réussi en quatre ans l’impossible depuis cent ans : la Seine est baignable.» Mercredi 31 juillet, les épreuves olympiques de triathlon pouvaient enfin avoir lieu, après un premier report causé par la pollution du fleuve parisien, et Emmanuel Macron s’en gargarisait sur le réseau social X. Le pari de la baignabilité, censée bénéficier au «grand public» à compter de 2025, semble encore loin d’être gagné, en dépit des quelque 1,4 milliard d’euros d’argent public investis par les autorités. C’est ce que révèlent les résultats des prélèvements quotidiens effectués par les équipes d’Eau de Paris, que le site d’information Mediapart publie en intégralité, ce mercredi 7 août. Selon ces données, la qualité de la Seine n’était suffisante pour la baignade olympique que 20 % du temps depuis le début de l’olympiade le 26 juillet, et même 10 % si l’on applique les critères exigés pour la baignade «grand public».
Reportage
Ainsi, sur une période de dix jours s’étalant du 27 juillet au 5 août, les résultats ont dépassé tous les jours, à l’exception du 30 juillet et du 31 juillet les seuils fixés par la fédération internationale de triathlon en matière de contamination en Escherichia coli (E. coli) ou en entérocoques intestinaux. Y compris, donc, le 5 août, date à laquelle le relais de triathlon mixte s’est malgré tout tenu. En revanche, nombre d’entraînements ont dû être annulés en raison de la pollution de l’eau, ce qui a eu le don d’exaspérer les athlètes. Plusieurs d’entre eux ont témoigné, publiquement, de leur agacement vis-à-vis de l’organisation de la compétition. Escherichia coli et les entérocoques intestinaux sont des bactéries qui résident essentiellement dans le tube digestif de l’homme et peuvent entraîner des douleurs abdominales, des diarrhées, des vomissements ou encore de la fièvre.
Encore deux épreuves dans la Seine
Au-delà de la mauvaise qualité de l’eau, qui s’explique notamment par l’état des réseaux d’assainissement en amont de la capitale, par des fuites dans les égouts parisiens et par une météo pluvieuse, qui favorise les déversements d’eau sale, Mediapart déplore «l’opacité» des données communiquées par les autorités en matière de pollution. Le week-end dernier, déjà, Libé notait que la publication hebdomadaire d’un «bulletin sur la qualité de l’eau de la Seine» par la préfecture d’Ile-de-France et la ville de Paris avait été interrompue au début des Jeux olympiques. Car c’est le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) qui contrôle (et verrouille) désormais la communication autour de ces chiffres.
Ce dernier, interrogé par Mediapart, «conteste notre interprétation des résultats d’analyses sur un seul point : la journée du 5 août, jour du relais mixte de triathlon. A cette date-là, les équipes d’Eau de Paris ont mesuré 436 unités formant colonie (UFC) par 100 millilitres (ml) d’entérocoques sur l’un des quatre points de prélèvement, celui du port du Gros-Caillou». Selon le Cojop, ce résultat «flirte avec la limite» (fixée à 400 UFC /100 ml par la fédération internationale) et «est situé en dehors du parcours du triathlon». Deux épreuves olympiques doivent encore se tenir dans la Seine : la course femmes du dix kilomètres en eau libre jeudi, et la course hommes vendredi.