On ne compte plus les rendez-vous manqués. Selon la direction des sports de Radio France, l’équipe de France de nage en eau libre a dû annuler son entraînement prévu lundi 10 juin sur le site de la compétition des JO 2024. En cause, des courants trop forts et une dégradation de la qualité de l’eau en raison des fortes pluies du mois de mai. «Il est logique qu’on ne pouvait pas nager parce qu’il y a un courant de dingue», a expliqué Stéphane Lecat, directeur technique national de la nage en eau libre, qui n’est toutefois «pas inquiet». Pour les mêmes raisons, Anne Hidalgo doit repousser son bain prévu le 23 juin. La mairie envisage de prévoir un nouveau rendez-vous le dimanche 30 juin. Le préfet de police, Laurent Nuñez, et le préfet de région, Marc Guillaume, ont également été invités à plonger.
Nettoyer la Seine pour permettre aux épreuves de triathlon et de nage libre de s’y dérouler est l’un des gros paris des organisateurs des Jeux olympiques 2024 à Paris. Mais le projet est soumis à tant d’aléas qu’il ne cesse de subir des contretemps. Le 6 août 2023, la manche de Coupe du Monde de natation en eau libre prévue sur le site est annulée. le 17 août, les épreuves de triathlon femmes et hommes avaient bien pu se tenir dans le fleuve, sans couac. Mais les 19 et 20 août, patatras, des épreuves de paratriathlon et de triathlon en relais mixte ont été adaptées en format duathlon, à savoir seulement cyclisme et course à pied, en raison d’une concentration trop élevée en bactéries intestinales Escherichia coli (E. coli).
Cathédrale de béton
«La Seine n’est pas faite pour nager.» Début mars 2024, la championne olympique du 10 km en eau libre, Ana Marcela Cunha, a jeté un pavé dans le fleuve, réclamant un «plan B» pour les épreuves d’eau libre et de triathlon. La campagne de mesure de l’ONG Surfrider Foundation en avril, soit 100 jours avant les épreuves officielles, va lui donner un argument de plus. Des concentrations régulièrement supérieures à 2 000 unités formant colonie (ufc) /100 ml pour E. coli et à 500 ufc /100 ml pour les entérocoques, sont observées soit bien au-dessus des normes internationales pour la compétition fixées à respectivement 1000 ufc /100 ml et 400 ufc /100 ml.
Pourtant, les organisateurs s’affichaient en toute sérénité en mai, lors de l’inauguration du «bassin d’orage» d’Austerlitz, pièce maîtresse du dispositif censé rendre la Seine propre à la baignade dès le mois de juillet pour les compétitions olympiques de triathlon et de nage libre. Concrètement, un réservoir de 50 000 m³ a été construit pour 100 millions d’euros dans le but d’absorber les eaux en cas de pluie diluvienne. En effet, le principal problème de la Seine, c’est la saturation des égouts en cas de fortes intempéries. Concrètement, la pluie fait déborder les égouts et déverse, sans traitement, les eaux sales dans le fleuve. Grâce à cette cathédrale de béton liée à un réseau de tunnels intercepteurs, les organisateurs espèrent capter les eaux en surplus et éviter le débordement des canalisations. En cas de forte pluie, il est prévu de décaler la compétition de quelques jours, mais pas de changer de lieu.
Mise à jour à 16 h 05 avec l’annulation du bain d’Anne Hidalgo.