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Spectacle

Kayak-cross aux JO de Paris 2024 : la Française Angèle Hug remporte l’argent dans un sport où «tout le monde peut gagner, tout peut arriver»

Nouvelle venue au menu des Jeux, la course de kayak en ligne mêle roublardise, contacts et retournements de situation. Ce qui intrigue et séduit le grand public. Chez les femmes, la Française Angèle Hug s’est adjugée l’argent lundi à Vaires-sur-Marne.
Angèle Hug a remporté la médaille d'argent en kayak-cross à Vaires-sur-Marne, lundi. (Ebrahim Noroozi/AP)
publié le 5 août 2024 à 20h40

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Un père peinturluré de bleu-blanc-rouge zieute les gradins. Il interpelle sa fille : «Je sais même pas ce qu’on va voir comme épreuve.» Silence. «Y a bien quelqu’un qui va nous expliquer.» L’homme finit par demander à ses voisins qui déambulent comme lui au milieu du cortège de supporteurs filant vers le site de Vaires-sur-Marne. «C’est du kayak-cross.» Que ce spectateur olympique se rassure, la discipline – une sorte de Mario Kart sur eau avec des kayaks, moins les sorts – vient tout juste de faire son apparition aux JO.

Alyette, elle aussi maquillée en tricolore, n’est pas plus connaisseuse. Elle est venue de Champigny-sur-Marne, à 15 kilomètres de là, avec son mari et leur fille, Capucine : «L’idée c’était de venir voir une épreuve accessible en famille, et qu’elle découvre ce sport, comme on a une base nautique à côté de la maison.» Alyette a pianoté sur l’appli de Paris 2024 dans la matinée pour s’enquérir des règles. Qu’elle fait réciter à sa fille comme une interro surprise : «Y a quoi quand c’est du vert ?» «Tu descends.» «Et les portes rouges ?» «Tu montes.» «C’est ça, c’est en amont et en aval.»

«Ça a juste l’air fun»

Mike, un Anglais venu en famille, décrypte le tout : «C’est un peu comme le skicross ou le snowboardcross : quatre concurrents partent en même temps. Il faut passer des portes, faire une figure imposée, un “kayak roll” [un esquimautage, ndlr]. Tout le monde peut gagner, tout peut arriver. C’est très amusant.»

«En fait, ça a juste l’air fun, résume Antoine, 19 ans, comme les courses de BMX en ligne.» Avec sa pote Manon, 17 ans, ils sont là «sur un coup de tête». «J’ai même pas regardé de vidéos. Je suis parti sur le principe que c’est le premier arrivé», sourit-il. Manon connaît un peu le kayak. Elle réside même à l’internat du pôle nautique de Vaires, mais en tant qu’adepte de l’aviron. De là à savoir les noms des chances françaises… «On a regardé rapidement. On en connaît une, c’est Camille euh…» Prigent, que les deux amis ont dû voir naviguer quelques minutes mais pas longtemps. Candidate à l’or en tant que tête de série numéro 4, la Bretonne a coulé dès les quarts.

Le kayak-cross, c’est ça : sur les quatre Français en lice, trois – Titouan Castryck, Boris Neveu et Camille Prigent donc – étaient annoncés médaillables. Pour qu’à la fin, ce soit l’outsider Angèle Hug qui reparte seule avec une médaille, d’argent, autour du cou. L’espace de deux courses renversantes dans les eaux vives du bassin francilien, l’Ardéchoise de 24 ans a démontré pourquoi le kayak-cross intrigue autant. Troisième durant les trois quarts de sa demie, elle a dégagé l’embarcation de la Brésilienne Ana Sátila sur l’ultime bouée rouge (qu’il faut prendre à contre-courant) pour accrocher la deuxième place et filer en finale. Repoussant de nouveau les limites du suspense. Quatrième à mi-parcours de la finale, elle a remis ça, en prenant l’intérieur sur la toute dernière difficulté, et en dépassant la numéro 1 mondiale Kimberley Woods. Et son sport, elle en pense quoi ? «Il a de l’avenir.» Et elle aussi.