Le changement est brutal. Il secoue et déstabilise. Jusqu’aux Jeux de Rio 2016, vivre depuis les tribunes une finale olympique du 100 m revenait à peu près à se caler dans un sofa pour revoir un classique du cinéma américain. La fin était connue, mais le plaisir toujours le même. Usain Bolt faisait le show, avant et après la course. Entre les deux, il atomisait la concurrence sans même donner l’impression de tirer sur ses foulées. Le seul suspense se résumait à tenter de deviner s’il battrait le record du monde ou se contenterait de le faire trembler.
Depuis la retraite du Jamaïcain, le sprint ne sait plus très bien vers qui se tourner. Aux Jeux de Tokyo, dimanche, il a hésité, hésité… pour finalement choisir l’un des moins connus de la meute. Lamont Marcell Jacobs, 24 ans, a raflé la mise avec des manières de chapardeur. Son nom le laisse peu deviner, mais le bonhomme est italien. Un Italien champion olympique du 100 m, les dieux de l’athlétisme ont dû en tomber de leur nuage. L’Italie n’en avait jamais connu. L’Europe elle-même doit creuser dans ses souvenirs pour en retrouver un, le Britannique Linford Christie, médaillé d’or aux Jeux de Barcelone en 1992. Presque trente ans en arrière.
A la recherche de l’héritier
Orphelin d’Usain Bolt, le 100 m aurait pu taper dans les valeurs sûres. Justin Gatlin, par exemple, champion olympique en 2004, double champion du monde (2005 et 2017). Mais l’Américain, 39 ans, a raté l’avion pour les Jeux, recalé aux sélections olympiques. Christian Coleman, son jeune comp