Le golf est souvent le passe-temps des sportifs en général, des footballeurs en particulier, avec des passages des gazons au green dont le plus remarquable reste celui d’Alain Boghossian, champion du monde de foot en 1998, devenu capitaine de l’équipe de France de golf. A l’époque, dans les années 2000, il n’était pas rare de le voir sur les parcours en compagnie de Michel Pavon, qui fit une très honnête carrière de footballeur puis d’entraîneur, notamment aux Girondins (capitaine de l’équipe championne de France en 1999). Le fils de ce dernier, et petit-fils d’Ignacio «Pepito» Pavon, également joueur pro, n’est pas passé par la phase ballon rond. Sa mère, prof de golf, lui ayant placé un club dans les mains tout jeunot. Bon investissement : Matthieu, 31 ans, est devenu le week-end dernier le premier Français à remporter un tournoi du PGA tour américain, la première division du golf mondial, dans l’ère moderne.
«A moitié Américain»
Si, grâce à la Californie, il a gonflé son portefeuille de 1,49 million de dollars, Matthieu Pavon a aussi sérieusement augmenté ses chances de participer aux Jeux olympiques de l’été prochain. «L’un de mes objectifs cette année est de me qualifier et de représenter mon pays à Paris. On peut dire que c’est bien parti», s’est-il exalté après son exploit en Farmers Insurance Open à Torrey Pines. Le système de qualification des 60 joueurs est particulièrement complexe, sa désormais 29e place à l’Olympic Golf Ranking lui permet de voir l’avenir en bleu et de faire partie des 60 golfeurs qui fouleront l’herbe du golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Verdict le 17 juin.
D’ici là, Pavon va pouvoir croiser le drive, le fer et le putter avec l’élite du golf mondial. Son succès lui offre un ticket pour les tournois PGA, dont les quatre «majeurs». Il va sillonner les Etats-Unis, où il se sent si bien : «J’aime tout sur l’Amérique, la mentalité, le sport, j’ai un peu l’impression d’être à moitié Américain ! Je n’avais quasiment pas de pression à Torrey Pines, j’essayais juste de donner mon maximum».
Panache
A Phoenix, Houston ou la Nouvelle-Orléans, le public suivra avec plus d’attention ce Frenchy et braquera ses jumelles sur sa main droite, tatouée. Une phrase en anglais. «The saliva that flows now will become tears of joy tomorrow», soit «La salive qui coule aujourd’hui deviendra demain des larmes de joie». Elle définit l’opiniâtreté du bonhomme l’homme qui a attendu 10 ans depuis son entrée chez les professionnels et 212 tournois avant sa première victoire d’importance, en octobre dernier à Madrid sur le tour européen. Tout comme cette anecdote sur le parcours californien ce week-end. Au dernier trou, alors qu’il n’a plus qu’un coup d’avance sur son poursuivant, il plante sa balle dans des herbes hautes. Son caddie lui conseille la prudence en cherchant à atteindre le green en deux coups, quitte à voir revenir son adversaire à égalité. Lui choisit le panache : un coup de génie et sa balle atterrit à deux mètres du trou. Victoire assurée. Son commentaire sur WhatsApp : «Je préférais perdre comme un homme.»