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Bas carbone

Paris 2024 : Arena porte de La Chapelle, alors ils sont écolos ou pas mes JO ?

La municipalité s’enorgueillit d’une salle bas carbone, à la toiture végétalisée, chauffée et climatisée par géothermie et accessible seulement par les transports en commun ou à vélo.
Vue intérieure d'un des deux gymnases de l'Adidas Arena. Elle accueillera le badminton, la gymnastique rythmique, le parabadminton et la para- haltérophilie. (Sarah Meyssonnier/REUTERS)
publié le 7 février 2024 à 20h15

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C’est une avalanche de symboles, dont la mairie de Paris est friande à l’approche de Jeux olympiques loin de déclencher une liesse populaire pour l’instant. La ville inaugure ce dimanche 11 février l’Adidas Arena, dans le nord de Paris, près de la porte de la Chapelle, rivalisant de superlatifs sur cette installation qui doit accueillir le badminton et la gymnastique pendant les JO avant le parabadminton et la para-haltérophilie pendant les paralympiques. «C’est un peu le début du commencement de la magie des JO», a lancé lors de l’inauguration Anne Hidalgo. Plus qu’enthousiaste, elle a lancé aux Parisiens : «On va vibrer ensemble. Paris va être magnifique ! Ne partez pas cet été, ne partez pas, ce serait une connerie, cela va être incroyable !»

Il s’agit donc – accrochez-vous – de la seule infrastructure neuve construite dans Paris intra-muros pour ces JO 2024 (message subliminal : on est vigilants sur les deniers publics) et du «premier ouvrage livré et exploité à cinq mois des JO» (avec un poil de retard mais on a eu le Covid et la guerre en Ukraine donc bon). En plus de la grande salle dédiée aux compétitions puis aux spectacles, elle compte deux gymnases promis aux élèves du XVIIIe arrondissement (les JO améliorent la vie des Parisiens, on l’a toujours dit) et recèle une mine d’expérimentations écologiques (on pense à la planète, nous).

«Il y a des interrogations légitimes et parfois un peu excessives sur les Jeux, reconnaît Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, chargé, entre autres, de l’urbanisme et de l’architecture. Mais l’Arena, c’est la construction de demain et c’est aussi une fierté : on a coché toutes les cases» de la ville du futur, c’est-à-dire à bas carbone. Le Comité d’organisation affiche l’objectif relativement invérifiable de faire des Jeux parisiens émettant 50 % moins de gaz à effet de serre que les deux dernières olympiades d’été.

L’Adidas Arena - dont le nom commercial est une première mondiale pour la marque aux trois bandes mais qui disparaîtra le temps des compétitions olympiques – est «un petit bijou» doté «d’énormes avancées environnementales», s’enflamme lui aussi Pierre Rabadan, adjoint d’Anne Hidalgo chargé des sports et des JO. D’ailleurs, l’ensemble ne contient aucun parking pour les voitures : cet été puis pour les futurs concerts ou matchs du Paris Basketball dont ce sera le stade de résidence, il faudra venir à pied, à vélo ou en transports en commun (métro, RER ou tram).

Bois, acier et usine géothermique

Avec ses façades en acier recyclable et composé d’une arène capable d’accueillir 8 000 personnes, d’un rectangle et d’un petit carré surmonté d’un tipi en bois, le bâtiment est «apparemment simple mais il est très compliqué techniquement», expliquait en décembre le patron de la Solideo, Nicolas Ferrand, lors de la présentation des ouvrages olympiques. En plus des contraintes environnementales, il a fallu insérer l’Arena dans un ensemble urbain compliqué, entre raccordements routiers, chantier du CDG Express et rues en construction.

Pour les besoins de sa construction, Bouygues Bâtiments Ile-de-France a recyclé 900 tonnes de déchets sur les 944 produits. Tous les sièges sont en plastique recyclé soit 70 tonnes pour 7 800 sièges. La structure des deux gymnases superposés est intégralement en bois (400 tonnes) et a utilisé 300 m² de briques en terre compressée provenant des excavations du réseau de transports du Grand Paris. Son toit (1 700 m²) est désormais la deuxième plus grande toiture végétalisée de la capitale, après le parc des expositions de la porte de Versailles.

L’autre prouesse technologique consiste à avoir installé une usine de géothermie en sous-sol de l’Arena, alimentée en partie par des panneaux solaires installés sur le toit. C’est d’elle dont dépendront le chaud en hiver mais surtout le frais en été, alors que certains alertent sur le risque de canicule pendant les JO. La climatisation de ce lieu est un défi climatique mais aussi technique. Puisqu’il accueillera les épreuves de gymnastique, le bâtiment doit pouvoir être ventilé sans faire passer d’air pour ne pas risquer de changer la trajectoire du ruban.

Mise à jour : ajout ce dimanche 11 février à 17 h 20 des propos d’Anne Hidalgo lors de l’inauguration.