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Mascotte

Paris 2024 : comment j’ai tenté d’enfiler le costume de la Phryge

JO Paris 2024dossier
Comme les réseaux sociaux, j’ai succombé au charme de la mascotte des Jeux olympiques et paralympiques. Après la cérémonie d’ouverture mercredi 28 août, à grand renfort de mails, j’ai essayé d’en devenir une.
Une Phryge lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris, mercredi 28 août place de la Concorde. (Julien De Rosa/Pool/ Reuters)
publié le 30 août 2024 à 12h17

Je ne croyais plus au coup de foudre. Et pourtant, elle a un petit truc en plus. Je ne saurais pas dire exactement quoi. Son sourire communicatif ? Ou peut-être ses grands yeux ? Sa maladresse attachante ? La Phryge m’a conquise. Pourtant, elle partait de loin. On a tous rigolé de la mascotte officielle des Jeux olympiques et paralympiques parisiens pendant des mois. Et finalement, voilà qu’on aimerait la croiser chaque matin.

La prise de conscience a été progressive. D’abord, je me suis sentie sourire en regardant des photos de la Phryge sur les réseaux sociaux. «Mooooh, c’est trop mignon !» me suis-je dit, sans voir la vérité en face. Puis il y a eu un moment d’égarement dans un supermarché : moi qui ne regardais jamais les stands de goodies dédiés aux Jeux olympiques, j’ai stoppé net mes courses en croisant le regard d’une peluche Phryge vendue à une vingtaine d’euros. Je me surprends à l’attraper, la regarder, me dire qu’elle serait adorable posée dans ma bibliothèque. Mais non enfin, 20 euros pour une Phryge de quelques centimètres ? J’ai lâché l’affaire, en lui jetant un dernier coup d’œil larmoyant : «Pour 5 euros de moins, tu serais dans mon Caddie.»

C’est le 28 août au soir, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, que le charme opère définitivement. A la télévision, j’entends les commentateurs dire que les Phryges jouent à 1,2,3 soleil toutes ensemble sur scène. Je me rue sur mon téléphone pour trouver une vidéo. Je l’envoie à mes amis. A mes parents. Je la regarde en boucle. Je l’admets enfin : «J’adooooooore les Phryges !!!»

Animée par cette nouvelle passion, je décide qu’il faut la vivre à fond. Les Jeux, c’est bientôt fini. Je n’ai jamais vu une Phryge géante en chair et en os et je n’ai pas la fameuse photo souvenir pour laquelle fans et touristes se battent. Il me reste quelques jours pour l’obtenir. Mais ce n’est pas tout. Je ne veux pas seulement rencontrer une Phryge. Je veux ÊTRE une phryge.

J’écris à plusieurs adresses mail des JO. «(blablabla) Je souhaiterais donc enfiler le costume le temps d’une journée (blablabla)» …

Je tente le tout pour le tout. Autour de moi, je demande à toutes mes connaissances qui travaillent dans la communication ou l’événementiel si elles connaissent quelqu’un au service presse des Jeux. «Pitiééééé, j’ai tellement envie d’être une Phryge !» Ouf. Une nouvelle notification. Le service presse m’a répondu. Je suis bourrée d’espoir. Mais c’est non. «N’hésitez pas à m’appeler si besoin», écrit tout de même la personne qui refuse ma demande.

Evidemment, j’appelle dans la minute qui suit.

«Bonjour, merci pour votre réponse rapide. Je me permets de vous appeler car je souhaitais savoir ce qui bloquait dans ma demande ?»

En fait, le problème, c’est qu’il n’y a «que des actrices et des acteurs qui sont habilités à porter le costume de la Phryge». J’insiste un peu, mais c’est une «règle» qu’il est impossible de contourner. Je raccroche le cœur brisé. Mes collègues me consolent. Et me conseillent de tenter ma chance une dernière fois.

Je rappelle et je déploie mon plus bel argumentaire, comme si j’étais tout droit sortie de l’Actors Studio. Mais deuxième hic : il faut avoir signé un contrat de travail pour être «habilité à faire la Phryge». Coup dur. «Et si je suis Phryge bénévole ?» Non plus.

«Comme pour Mickey à Disneyland»

Le souci, c’est que ceux qui gèrent l’image de la Phryge ne s’attendaient pas à un tel succès. Personne n’aurait jamais dû voir ce qui se cachait sous cette bouille rouge aux yeux bleus. Mais voilà, avec le buzz médiatique, il a fallu trouver une comédienne pour faire office de porte-parole : Laura Charles, 28 ans, qui a contribué à imaginer les chorégraphies et le langage visuel de la mascotte. On me propose d’aller à sa rencontre avec tout un tas d’autres journalistes en même temps «car il y a vraiment des tonnes de demandes autour de la Phryge».

Je l’avoue, maintenant que j’ai imaginé être une Phryge, j’ai du mal à abandonner l’idée. Je relance : «Je vous laisse réfléchir et revenir vers moi, n’hésitez pas à me dire si vous avez des questions pour mieux comprendre ce que je souhaiterais faire en tant que Phryge.»

Non, vraiment, ce n’est pas possible. Au bout du compte, en en dévoilant trop sur les coulisses de cette icône, on m’explique que cela risquerait de «casser le mythe, comme pour Mickey à Disneyland». J’aurais tout tenté, mais n’est pas Phryge qui veut.