Dans le nouveau village des athlètes olympiques situé à Saint-Denis, conçu comme un écoquartier végétalisé et bas carbone, les climatiseurs sont absents du paysage. Une volonté du Comité d’organisation des Jeux, afin de concevoir un projet «démonstrateur de la ville de demain» et de respecter sa promesse de «Jeux durables». Les organisateurs ont alors assuré que les athlètes n’en auraient pas besoin grâce à d’autres mesures de refroidissement (isolation des façades, brise-soleil sur les balcons) et des espaces verts conçus pour atténuer les effets «îlots de chaleur». Néanmoins, certaines fédérations, inquiètes de la perspective d’un été caniculaire, ont prévu d’équiper les chambres de leurs sportifs de ces systèmes voraces en électricité, qui ont le désavantage de réchauffer l’air extérieur. Une porte que le comité olympique avait bien laissée ouverte aux différentes délégations.
Les climatiseurs seront finalement «omniprésents» dans les dortoirs, révèle ce jeudi 6 juin un article du Washington Post, même si cette décision implique une empreinte carbone plus lourde pour les JO de Paris 2024. Ils seront soit transportés par camions, soit livrés, ou encore achetés directement en France.
Pour cette enquête, le quotidien américain a ainsi interrogé les 20 plus grandes nations participantes sur leur volonté ou non d’utiliser des climatiseurs dans une partie ou la totalité des chambres de leurs athlètes. Huit ont répondu à leur demande, toutes par la positive : les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce, le Danemark et l’Australie. Au total, cela représente plus de 3 000 athlètes. Le Japon, qui n’a pas répondu au journal, avait pourtant déjà affirmé lors d’une conférence de presse organisée en décembre dernier mettre en œuvre ses propres projets de climatisation. De nombreux autres pays ont également prévu d’acheter leur climatiseur une fois en France, explique le journal américain. Pour rappel, à l’échelle de la planète, l’utilisation de ces appareils représente 10 % de la consommation d’électricité. Autre problème : certains fluides frigorigènes utilisés dans les systèmes de climatisation, comme les CFC et HCFC, ont une action nocive sur la couche d’ozone.
«Nous les amènerons. Puis nous les ramènerons en Grèce»
Les pays ayant opté pour cette option supplémentaire affirment pourtant se soucier des objectifs environnementaux. A une condition : que cela ne mette pas en péril le confort de leurs athlètes habitués à des températures plus fraîches. «Il s’agit d’un environnement de haute performance», s’est justifié Strath Gordon, membre du comité olympique australien dans les colonnes du journal. «Nous les amènerons. Puis nous les ramènerons en Grèce», a quant à elle déclaré Alexandra Palli, membre du comité olympique grec, tout en affirmant que cette décision découlait directement d’une requête de ses athlètes.
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Cette décision de recourir à la clim soulève également des questions sur l’égalité entre les délégations et sur le traitement hétérogène réservé aux athlètes d’un même village olympique, qui pourraient donc dormir à des températures radicalement différentes. La climatisation représente en effet un coût très élevé pour certaines fédérations issues des pays les plus pauvres, qui ne sont pas en mesure de s’offrir ce luxe.