«L’histoire des Jeux olympiques de 2024 peut être racontée comme une saga sportive, une fresque de records, agitée des frissons de la compétition – le spectacle le plus médiatisé et le plus regardé au monde. C’est le récit dominant. On peut aussi regarder l’événement depuis ses chantiers, ses arrière-boutiques, ses réunions à huis clos, son butin immobilier, sa dépossession urbaine» : telle est, résumée, la thèse que défend Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart, dans Paris 2024. Une ville face à la violence olympique, paru fin janvier aux éditions Divergences. Enquête sensible qui assume une part de subjectivité mais richement documentée sur cette nouvelle fabrique de la ville néolibérale, Paris 2024 a le mérite de décortiquer le fonctionnement de cette grande machine opaque.
«Je n’ai pas voulu écrire un livre contre les Jeux» : c’est la première phrase de votre livre. Quelle était votre intention au départ ?
En tant que journaliste et habitante d’Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis, ndlr) j’ai découvert la situation du foyer Adef, un foyer de travailleurs étrangers qui a été expulsé pour construire le village olympique. On les a relogés ailleurs, d’accord, mais on les a déplacés. Cette expulsion m’a conduite à regarder ce qu’il y avait derrière le discours social des Jeux, centré sur cette notion d’héritage, qui prétend qu’on va en profiter pour rattraper ce que l’Etat doit à la Seine-Saint-Denis.
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