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Interview

Paris 2024 : en Seine-Saint-Denis, «les infrastructures des Jeux vont bénéficier à d’autres personnes que les habitants, plus fortunées»

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JO Paris 2024dossier
La journaliste Jade Lindgaard publie une enquête dans laquelle elle dénonce la «violence» des aménagements de l’événement sportif, imposés aux riverains et dont ils ne bénéficieront, selon elle, que des miettes.
Des ouvriers sur le chantier du «Village des athlètes», à Saint-Ouen, le 19 juillet 2023. (Denis Allard/Libération)
publié le 23 février 2024 à 10h03

«L’histoire des Jeux olympiques de 2024 peut être racontée comme une saga sportive, une fresque de records, agitée des frissons de la compétition – le spectacle le plus médiatisé et le plus regardé au monde. C’est le récit dominant. On peut aussi regarder l’événement depuis ses chantiers, ses arrière-boutiques, ses réunions à huis clos, son butin immobilier, sa dépossession urbaine» : telle est, résumée, la thèse que défend Jade Lindgaard, journaliste à Mediapart, dans Paris 2024. Une ville face à la violence olympique, paru fin janvier aux éditions Divergences. Enquête sensible qui assume une part de subjectivité mais richement documentée sur cette nouvelle fabrique de la ville néolibérale, Paris 2024 a le mérite de décortiquer le fonctionnement de cette grande machine opaque.

«Je n’ai pas voulu écrire un livre contre les Jeux» : c’est la première phrase de votre livre. Quelle était votre intention au départ ?

En tant que journaliste et habitante d’Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis, ndlr) j’ai découvert la situation du foyer Adef, un foyer de travailleurs étrangers qui a été expulsé pour construire le village olympique. On les a relogés ailleurs, d’accord, mais on les a déplacés. Cette expulsion m’a conduite à regarder ce qu’il y avait derrière le discours social des Jeux, centré sur cette notion d’héritage, qui prétend qu’on va en profiter pour rattraper ce que l’Etat doit à la Seine-Saint-Denis.

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