La marque à la virgule en était probablement fière de ses tenues colorées, dessinées pour les athlètes américains qui participeront aux Jeux olympiques à Paris cet été. Dévoilées jeudi, elles provoquent pourtant depuis un énorme tollé. En cause : la différence de traitement entre les hommes - habillés par Nike d’un débardeur rouge et d’un short bleu -, et les femmes, qui héritent d’un body ultra-moulant rose à la culotte échancrée.
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Pour beaucoup d’athlètes, ces tenues sont sexistes, beaucoup trop révélatrices des parties génitales des femmes et peu pratiques. Championne des Etats-Unis du 5 000 m en 2006 et 2010, Lauren Fleshman s’est fendue d’un post incendiaire sur Instagram : «Les athlètes professionnels devraient pouvoir concourir sans avoir à consacrer de l’espace cérébral à la surveillance constante des poils pubiens ou à la gymnastique mentale qui consiste à exposer chaque partie vulnérable de leur corps. Les tenues féminines devraient être au service de la performance, mentalement et physiquement. Si cette tenue était vraiment bénéfique à la performance physique, les hommes la porteraient. Il ne s’agit pas d’une tenue d’élite pour l’athlétisme. Il s’agit d’un costume issu des forces patriarcales qui ne sont plus les bienvenues.»
Plus sobre, Colleen Quigley, 8e du 3 000 mètres steeple aux JO de Rio en 2016, s’est inquiétée auprès de Reuters d’une tenue «absolument pas faite pour la performance».
Les réactions d’internautes ont aussi été nombreuses et particulièrement véhémentes. «Les hommes peuvent se préoccuper de leurs performances tandis que les femmes doivent se soucier des irritations, de leurs organes génitaux et de l’épilation du maillot. C’est vraiment l’égalité des chances, hein ?», écrit par exemple une femme sur Twitter. Une autre parle carrément d’une tenue «dessinée par un accro au porno».
Les Américaines auront le choix entre plusieurs tenues, assure Nike
Comme le rapporte l’Equipe, Nike s’est défendu, expliquant que les athlètes avaient le choix de concourir en slip ou en short, et que le kit complet des tenues comprenait 50 pièces et 12 styles différents. Auprès de CBS, Janett Nichol, la vice-présidente de l’innovation vestimentaire pour la marque américaine, explique que les tenues ont été conçues dans un laboratoire pour maximiser la performance en se basant sur les ressentis des athlètes.
La sauteuse en hauteur Katie Moon, championne olympique à Tokyo, a par ailleurs tenu à nuancer les choses : si elle aussi juge les maillots présentés sur les mannequins jeudi «préoccupants», l’athlète assure avoir le choix à chaque compétition entre une vingtaine de tenues pour concourir et qu’il est même possible pour les femmes d’utiliser les tenues des hommes si elles le souhaitent.