C’est une très grosse étape en faveur de la présence des Russes et Bélarusses à Paris qui vient d’être franchie. Mardi soir, à l’issue du Sommet olympique - une réunion annuelle à huis clos à Lausanne, qui permet d’établir les positions majoritaires au sein du monde olympique -, les fédérations internationales et comités nationaux ont réclamé l’admission «le plus tôt possible» des sportifs de ces deux pays pour les JO 2024 sous bannière neutre.
Le message envoyé via le communiqué final est limpide : les «représentants des fédérations internationales sportives d’été», soutenus par ceux des 209 organisations olympiques nationales, «ont demandé au CIO de déclarer éligibles» pour les Jeux de Paris «les athlètes individuels neutres qui se sont qualifiés ou vont se qualifier» pour l’événement.
La formule englobe évidemment les Russes et Bélarusses, d’abord exclus du sport mondial dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, puis réadmis sous bannière neutre et sous conditions à partir de mars 2023, sans que leur éventuelle présence aux JO 2024 ne soit alors tranchée.
Le gouvernement ukrainien s’est dit «très préoccupé» ce jeudi 7 décembre par cette annonce commune. «Comme l’a dit à juste titre le président Volodymyr Zelensky : «De toute évidence, tout drapeau neutre d’athlètes russes est taché de sang»», a rappelé Marviy Bidnyi, ministre des Sports par intérim, dont le prédécesseur, Vadym Gutzeit, a été écarté du gouvernement en novembre. «Nous comptons sur une décision responsable et sur une direction du CIO qui ne permettra pas à la Russie d’utiliser le sport à des fins de propagande militaire.»
Pour aller plus loin
«Ne pas punir» les athlètes
Les représentants des fédérations internationales «ont aussi demandé une décision dès que possible, pour apporter de la clarté à leurs procédures de qualification olympique et pour tous les sportifs concernés», poursuit le communiqué.
Le texte ne précise pas s’il s’agit d’une position unanime, alors que des instances sportives internationales ont réintégré en ordre dispersé les Russes et Bélarusses à leurs compétitions, et que la fédération internationale d’athlétisme - discipline olympique majeure - se refuse toujours à la faire.
Mais cette recommandation a reçu l’approbation de la présidente de la commission des athlètes du CIO, la Finlandaise Emma Terho, qui a précisé que «globalement, la grande majorité des sportifs est d’avis que les athlètes ne devraient pas être punis pour les actions de leurs gouvernements».
Cette formule est exactement la même que celle du CIO lorsqu’il avait recommandé le retour des bannis sous bannière neutre. Mais l’instance avait alors expliqué que leur éventuelle présence aux JO 2024 de Paris, qui s’ouvrent le 26 juillet, serait décidée «au moment approprié», selon des critères jamais précisés depuis. Or le temps presse, estime Emma Terho, pour qui «la clarté sur [cette] question serait appréciée par les athlètes, car les Jeux olympiques de Paris approchent à grands pas».
Janvier ou mars ?
De son côté, l’instance olympique s’est bornée mardi à «confirmer que la participation de tels athlètes individuels neutres aux JO ne pourrait se produire que sous les strictes conditions» fixées en mars : sans hymne ni drapeau, en excluant les sports d’équipe, et à condition de n’avoir pas activement soutenu le conflit en Ukraine. «Ni le système de qualification [pour les Jeux de Paris] élaboré par les fédérations internationales ni le nombre de places allouées à un sport ne seront modifiés pour les athlètes neutres détenant un passeport russe ou bélarusse», a poursuivi le CIO.
En clair, les sportifs qui ont laissé passer des chances de se qualifier parce que les fédérations concernées ont tardé à les réintégrer - comme en natation ou en escalade, en attendant une décision définitive de l’athlétisme - n’auront aucun rattrapage possible.
L’instance olympique, qui s’est réunie la semaine dernière à Paris sans aborder la question des Russes et Bélarusses, n’a pas précisé à quel moment elle trancherait. Mais sa commission exécutive se retrouve de nouveau le 18 janvier, puis du 19 au 21 mars.
Mise à jour : à 14 h 28 avec la réaction du gouvernement ukrainien.