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Jeux olympiques

Paris 2024 : pourquoi les équipes de France de handball ont-elles pu choisir leurs adversaires en poules ?

Une tradition protocolaire propre au handball a permis aux sélectionneurs Guillaume Gille et Olivier Krumbholz de choisir leur poule lors du tirage au sort pour les JO de Paris, alors que dix des douze équipes masculines et féminines étaient déjà réparties dans les différents groupes.
L'arrière gauche Orlane Kanor pendant la finale France-Norvège lors de Mondial de handball féminin au Danemark, le 17 décembre 2023. (Jonathan Nackstrand/AFP)
publié le 18 avril 2024 à 18h16

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Est-ce vraiment un avantage ? C’est l’une des spécificités du handball : lors du tirage au sort des compétitions hommes et femmes pour les Jeux de Paris, les staffs des équipes de France ont eu le droit, mardi 16 avril, de choisir dans quelle poule aller, alors que dix des douze équipes avaient déjà été réparties entre la poule A et la poule B.

Dans cette discipline, le protocole en vigueur pour les tirages au sort des grandes compétitions internationales confère ce droit au pays hôte de l’événement. Ainsi, au siège de la Fédération française de handball à Créteil (Val-de-Marne), lorsque les dix premiers pays ont été dispatchés équitablement, le staff tricolore a eu entre cinq et dix minutes pour quitter la pièce principale, se réunir, débattre et décider de la marche à suivre et donc des futurs adversaires. Pour ne rien perdre de ce précieux temps, leurs staffs avaient préparé des simulateurs permettant d’envisager les différentes options à mesure du tirage au sort.

Une formalité pour une équipe au sommet de son art

Et c’est peu dire que les stratégies entre les deux staffs tricolores ont différé. Les conciliabules menés par Olivier Krumbholz, le sélectionneur de l’équipe de France féminine et son équipe encadrante, ont fait que les Françaises hériteront du groupe B, s’évitant ainsi la Norvège qu’elles avaient battue en finale des championnats du monde en décembre 2023.

Krumbholz précise que ce choix de poule va permettre à son équipe «d’arriver avec plus de fraîcheur en phase finale» face à des «équipes qui vont peut-être laisser beaucoup d’énergie pour éviter la France en quart de finale». Si les Bleues et les championnes d’Europe norvégiennes, qui se sont partagé tous les titres internationaux depuis les JO de Tokyo en 2021, terminent comme attendu à la première place de leur groupe, elles ne pourraient se rencontrer potentiellement qu’en finale le 10 août au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq (Nord).

Pour se hisser en quart, la bande à Pauletta Foppa doit se classer parmi les quatre meilleures équipes de son groupe de six complété par les Pays-Bas, la Hongrie, l’Espagne, le Brésil et l’Angola. Une formalité a priori pour une équipe au sommet de son art lors du dernier Mondial, en décembre. D’autant que l’exclusion de la Russie, finaliste des deux derniers tournois olympiques à chaque fois face aux Françaises, a ouvert le tableau en écartant une sélection prétendante de premier plan.

«Le match crucial ce sont les quarts de finale»

Côté hommes, les Bleus ouvriront la compétition par un remake de la dernière finale de l’Euro, en se confrontant directement à l’autre favori pour l’or olympique, le Danemark. Avant d’affronter l’autre outsider norvégien. Une manière pour le sélectionneur Guillaume Gille de «démarrer fort la compétition, face aux deux plus grosses cylindrées». Selon Guillaume Gille, ce groupe «comporte deux adversaires avec beaucoup de références mais un reste de groupe plus abordable» (la Hongrie, l’Egypte, et l’Argentine) qui s’oppose à un groupe A «avec une très grosse densité».

«Les coachs ont fait des choix distincts, singuliers, tout aussi respectables l’un comme l’autre», estime Pascal Bourgeais, le directeur technique national, auprès de Libération. Les décisions ont été «travaillées, réfléchies», avec «tous les scenarii possibles» envisagés.

En réalité, cet avantage peut vite devenir une vraie fausse aubaine et se retourner contre l’hôte. «On sait que dans les deux cas, en garçons comme en filles, le match crucial ce sont les quarts de finale, mais cet élément ne peut pas être le seul à prendre en considération. Il y a tellement d’aléas qui peuvent arriver jusqu’à ce moment-là : une défaite pour nous ou pour une autre équipe inattendue et le chemin est complètement différent, développe Pascal Bourgeais. Les coachs ont donc aussi analysé les chemins pour aller jusqu’en quarts de finale, «c’est-à-dire qui on joue, l’enchaînement des matchs, qui on pouvait potentiellement avoir dans le tableau final», poursuit Pascal Bourgeais. Avec en tête, cette autre particularité propre au handball : l’ordre des matchs de poules est connu avant le tirage. «On ne savait pas qui on allait jouer, mais on savait que le 4 [l’équipe tirée en 4, ndlr] jouait contre le 1, puis le 2 puis le 3.»

Les encadrants le savent malgré tout : ces approches théoriques ne garantissent en rien une médaille. «Quand on a regardé les parcours des équipes de France sur les derniers Jeux olympiques, on a jamais fait des parcours sans faute. On a nous-mêmes parfois chuté ou fait un match nul qui nous a décalés.» Ce fut notamment le cas pour les Bleues lors de la dernière olympiade à Tokyo, sorties troisièmes des poules, a priori dans une situation inconfortable. Avant de finir championnes olympiques.

Le tirage au sort pour le tournoi féminin :

Groupe A : Norvège, Allemagne, Slovénie, Suède, Danemark, Corée du Sud.

Groupe B : France, Hongrie, Pays-Bas, Espagne, Brésil, Angola.

Le tirage au sort pour le tournoi masculin :

Groupe A : Espagne, Croatie, Allemagne, Slovénie, Suède, Japon.

Groupe B : France, Danemark, Norvège, Hongrie, Egypte, Argentine.