La phrase relève du bon sens : «De manière générale, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme estime que personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non», a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat, Marta Hurtado. Il s’agit d’une réponse à une question posée lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève, sur les déclarations dimanche de la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.
Invitée dimanche de l’émission «Dimanche en politique» sur France 3, la ministre avait expliqué l’attachement du gouvernement «à un régime de laïcité stricte, appliqué strictement dans le champ du sport. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire l’interdiction de toute forme de prosélytisme, ça veut dire la neutralité absolue du service public, donc que les représentants de nos délégations, dans nos équipes de France, ne porteront pas le voile» lors des prochaines olympiades organisées à Paris l’été prochain.
#JO2024 Pour la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978) aucune athlète ne pourra porter de #voile "le temps des compétitions, pendant les matchs" 🧕#DimPol @letellier_ftv @France3tv pic.twitter.com/48dS8wsD5H
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) September 24, 2023
Marta Hurtado rappelle que la Convention pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes fait obligation à toutes les parties - dans ce cas la France - de prendre «toutes les mesures appropriées nécessaires pour modifier tout modèle social ou culturel fondé sur l’idée d’infériorité ou de supériorité de l’un ou l’autre sexe».
«Mais, souligne-t-elle, ces pratiques discriminatoires peuvent avoir des conséquences néfastes». C’est pourquoi, «selon les normes internationales relatives aux droits de l’homme, les restrictions à l’expression des religions ou des convictions, comme le choix de vêtements, ne sont acceptables que dans des circonstances très spécifiques qui répondent de manière proportionnelle et nécessaire à des préoccupations légitimes en matière de sécurité publique, d’ordre public, de santé publique ou de moralité».
Précédent sur le hijab
Le Comité International Olympique (CIO) «est sur une logique qui consiste à appréhender le port du voile non pas comme un facteur cultuel mais comme un facteur culturel», a reconnu de son côté «AOC», qui s’est défendue en pointant que la position française s’appuyait sur une précédente décision du Conseil d’Etat, le juge administratif suprême français.
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Le Conseil d’Etat avait ainsi maintenu fin juin l’interdiction du port du hijab dans le football féminin. Dans un épilogue judiciaire à une nouvelle affaire liée aux signes religieux dans l’espace public, sujet de débat récurrent en France, le Conseil d’Etat a jugé que la Fédération française de football (FFF) pouvait édicter les règles qu’elle estime nécessaires au «bon déroulement» des matchs et était, à ce titre, fondée à interdire le port du hijab sur les terrains.