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Dans la grande salle de l’hôtel de ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), environ 200 personnes font face à un écran installé pour l’occasion. Assis sur des chaises bleu roi, les visages sont graves, en colère. En face d’eux, le maire PS, Mathieu Hanotin, leur présente une vidéo publicitaire des JO. «Comme vous voyez, la cérémonie va être somptueuse. Chacun d’entre vous est, bien entendu, invité à y assister.» Sa voix, portée par un micro, résonne dans toute la pièce. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette réunion n’a pas été organisée pour donner envie aux Dionysiens d’assister aux Jeux, mais pour leur permettre de faire part de leurs inquiétudes.
Saint-Denis sera une des villes les plus affectées par les JO. Elle mobilisera différentes structures, notamment le Centre aquatique olympique, le Stade de France, l’Arena à Porte de la Chapelle, mais elle accueillera aussi une partie du Village olympique où les athlètes viendront se reposer, s’entraîner ou encore manger. Depuis plusieurs mois, la mairie organise régulièrement ces réunions pour tenir les habitants au courant des avancées, mais aussi pour les rassurer sur les impacts de la compétition. Au vu du nombre d’habitants qui ont fait le déplacement, beaucoup s’interrogent encore.
Parmi les responsables présents, des représentants de l’organisation Paris 2024, ainsi que le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, venu notamment expliquer aux habitants le fonctionnement des périmètres de sécurité : durant toute la durée des Jeux olympiques et paralympiques, soit un peu plus de deux mois, il ne sera pas possible de passer dans certaines zones de la ville en véhicule motorisé sans dérogation, exception faite des situations d’urgence. «C’est pour assurer la sécurité que nous faisons cela, pas pour restreindre vos libertés», répond le préfet de police lorsque des murmures de mécontentement émanent de la foule.
«Allons-nous devoir rallonger notre trajet ?»
Quant aux lignes de bus toujours pas prêtes à deux mois du coup d’envoi, organisateurs et élus se veulent aussi rassurants. «Ça arrivera bientôt», affirme Florent Bardon, coordonnateur national des mobilités pour les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024. «On vous tiendra informés.» Ils rappellent également qu’une plateforme, anticiperlesjeux.gouv.fr, a été mise en place par le comité d’organisation pour tenir au courant des avancées, des règles et de l’organisation.
Quand le temps des questions arrive, les mains se lèvent en masse. Les questions fusent. Beaucoup concernent les fermetures d’accès au périphérique ou encore les zones rouges, les plus restreintes. «Comment va-t-on faire pour se rendre au travail si nous ne pouvons pas entrer dans certaines zones ? Allons-nous devoir rallonger notre trajet pour les JO ?» demande une femme. «Si je veux inviter un proche durant cette période, pourra-t-il se garer ?» interroge un autre. «Comment allez-vous distinguer les résidents des zones bleues et rouges des simples passants ? Faudra-t-il un justificatif de domicile en permanence dans notre voiture ?»
Certaines réponses sont évasives. «Parfois, nous ferons au cas par cas. N’hésitez pas à aller en mairie pour trouver des solutions.» D’autres sont très claires : «Les proches pourront venir, mais en transport en commun, ils ne pourront pas se garer en zone rouge.» Il est aussi conseillé de se déplacer avec un justificatif de domicile.
«Mais Pleyel, c’est loin de certaines infrastructures»
La question du métro inquiète profondément les habitants. «La ligne 13 est déjà défectueuse aujourd’hui. Comment cela va-t-il se passer pendant les JO ?» lance une jeune femme. Florent Bardon répond : «Le métro 14 sera étendu jusqu’à Pleyel, les travaux sont en cours et seront terminés à temps, cela permettra de désengorger la ligne 13.» Elle réplique : «Mais Pleyel, c’est loin de certaines infrastructures. Pour les rejoindre, il faudra que les supporteurs prennent la ligne 13 ?» «C’est déjà mieux que s’il n’y avait pas la 14», conclut le responsable des mobilités de Paris 2024.
La Coupe du monde de rugby cet automne semble avoir marqué les esprits. «On sait qu’il y aura des nuisances sonores, aussi bien près des infrastructures que dans le centre. On ne veut pas revivre ce qu’on a vécu l’année dernière», affirme un habitant. Au bout d’une heure d’échanges, le mécontentement est palpable, l’agacement des responsables aussi. Beaucoup de mains sont encore levées. Le maire coupe court à la réunion : «Ne vous en faites pas, il y en aura d’autres. Il reste encore du temps avant les JO.»