Inna Deriglazova avance son pied, baisse son fleuret, et touche Ysaora Thibus. Le bip retentit, et l’athlète russe lève les bras au ciel : elle vient de permettre à son équipe de remporter l’or olympique, aux dépens des escrimeuses françaises. Une fois sur la plus haute marche du podium aux côtés de ses trois coéquipières, médaille autour du cou, ce n’est pourtant pas l’hymne national russe que la jeune femme entend résonner sur le Makuhari Messe de Chiba, mais le Concerto pour piano numéro 1 du compositeur romantique Piotr Tchaïkovski. Et pour cause : la délégation de 334 athlètes russes – dont seulement 10 pour l’athlétisme – participe à ces JO sous bannière neutre. Le drapeau national, interdit, est remplacé par celui du Comité olympique russe (ROC) : des anneaux olympiques surmontés d’une flamme aux couleurs nationales, le tout sur fond blanc. Les symboles officiels disparaissent tous, ou presque : les maillots, validés par le Comité international olympique, sont malgré tout colorés de blanc, de bleu et de rouge. La scène s’est reproduite 8 fois depuis le début des Jeux.
De quoi refroidir le public russe. Bien que l’intérêt pour les JO s’amenuise depuis une vingtaine d’années en Russie, ces interdictions ont été mal reçues, raconte à Libération Evgeny Slyusarenko,