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Quentin Bigot s’envole enfin pour Tokyo

Jeux Olympiques de Tokyo 2021dossier
Victime du Covid-19 en mars, le lanceur de marteau s’est placé en quasi-isolement pour réduire les risques avant d’embarquer pour les Jeux olympiques.
Metz, le 9 octobre 2020. Séance d'entrainement de Quentin Bigot, athlète français, spécialiste du lancer de marteau, vice-champion du monde à Doha en 2019. (Mathieu Cugnot/Libération)
publié le 16 juillet 2021 à 14h00

Depuis septembre 2019, Libération suit le vice-champion du monde dans une marche vers les Jeux de Tokyo que n’a pas interrompue leur report.

On avait presque le billet en poche pour aller voir Quentin Bigot et son coach Pierre-Jean Vazel au stade Dezavelle de Metz, où ils s’entraînent pratiquement toute l’année. Mais le Covid-19 nous a obligés à changer nos projets, comme plusieurs fois déjà en cette année et demie passée à suivre la préparation du lanceur mosellan. «Désolé, mais en effet, je préfère que l’on le fasse par téléphone car je limite mes contacts un maximum avant mon départ pour le Japon», nous confie avec sa courtoisie habituelle le vice-champion du monde de Doha, en 2019.

Quentin Bigot a été touché par le virus en mars dernier, une forme sévère mais brève, soignée à la maison : «En accord avec le médecin de la Fédé, on a décidé de reporter après les Jeux l’unique dose de vaccin que je dois faire. Apparemment, les personnes qui ont déjà eu le Covid ont des réactions relativement fortes au vaccin. Je veux donc éviter de passer trois, quatre ou cinq jours au lit ou du moins KO. En ce moment, je ne peux pas me le permettre», nous raconte Bigot quelques jours avant son départ pour le Japon. «Je vois ma famille, mais par exemple je ne vais pas à des rassemblements comme des fêtes d’anniversaires ou des dîners. Je ne veux pas être positif une autre fois ce qui pourrait retarder mon départ au Japon, voire me faire rester à la maison !»

D’autant qu’il a déjà dû lever le pied fin juin à cause d’une contracture au dos qui l’a tenu à l’écart des Championnats de France à Angers. «Il s’agissait d’un lumbago déclenché lors d’une séance avec un marteau d’entraînement, plus lourd que celui qui est utilisé pour la compétition [7,260 kg, ndlr]. Mais bon, j’étais déjà fatigué par les voyages et par l’enchaînement de compétitions entre fin mai et début juin. Là, tout va bien», déclare-t-il d’un ton rassurant.

Record personnel amélioré

Quentin Bigot foulera le Stade olympique de Tokyo lundi 2 août pour les qualifications. La finale est programmée deux jours plus tard. Ses dernières sorties ont nourri sa sérénité. Lors des meetings d’Andùjar (Espagne), de Samorin (Slovaquie) puis de Turku (Finlande), il a constamment amélioré ses performances pour terminer par un nouveau record personnel à 79 m 70. «Je ne pensais pas trop réaliser cette prestation à Turku, car je commençais à être fatigué. Au milieu, il y avait eu aussi les Championnats d’Europe par équipe en Pologne où j’avais peut-être la meilleure préparation mais le plateau de lancer était trop glissant… Bref, je suis très content de ma saison jusque-là parce que, s’il est vrai que le niveau mondial monte dans ma spécialité, je reste dans le coup. D’ailleurs c’est une très bonne chose que la densité et le niveau général progressent dans notre spécialité, les médailles vont avoir une valeur encore plus forte.»

L’athlète ne se fait pas de nœuds au cerveau pour arriver aux 80 mètres qu’il faudra très probablement dépasser pour monter sur le podium à Tokyo. «Je ne raisonne pas en termes de performance en tant que telle. Je n’ai pas encore lancé à 80 mètres, comme l’ont déjà fait quelques-uns de mes adversaires, c’est pas grave. Il faudra le faire au bon moment, ce que je cherche c’est une médaille, la performance en sera juste la conséquence.»

Gilet réfrigérant

Bigot ne craint pas le climat type cocotte-minute que les athlètes trouveront vraisemblablement dans la capitale japonaise, où la météo estivale est un mélange de fortes chaleurs et d’humidité. «D’abord c’est comme ça pour tout le monde, donc si le climat influence le niveau de prestation, il n’y aura pas de vrai chamboulement des valeurs», relativise-t-il. Le vice-champion du monde a développé également les «astuces» qu’il avait mises en place avec succès aux Mondiaux de Doha en 2019 pour combattre la chaleur. «Cette année, par exemple j’ai acheté un gilet qui va dans le congélateur : c’est comme un gilet pare-balles qu’on met pour faire descendre la température corporelle.»

Avant de rejoindre le Village olympique trois jours avant la compétition, Quentin Bigot et son coach Pierre-Jean Vazel, passeront une période d’acclimatation et d’entraînement à Kobe. Dans les deux valises que le lanceur du Metz athlétisme métropole embarque lundi, il y aura aussi deux marteaux d’entraînement : «De 8 et de 9 kg. Comme on arrive plus de 15 jours avant la compétition, j’en ai besoin pour des séances et là-bas je ne les trouverai pas, à l’inverse des marteaux de compétition qui sont mis à disposition par l’organisation.»

Quentin Bigot s’envole aussi avec les nombreux messages de soutien qui ont afflué avant son départ. «Amis et famille, puis aussi quelques hommes politiques comme le maire de la ville de Metz et le président du département. Normalement, les politiques sont connus pour sauter sur le char du vainqueur, mais eux ils m’ont soutenu même dans le passage le plus sombre de ma vie, quand j’ai été contrôlé positif en 2014

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