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Décryptage

Teddy Riner et les tickets pour les JO de Paris : de combien de places bénéficient vraiment les athlètes français ?

JO Paris 2024dossier
Les sportifs tricolores qui participeront aux Jeux parisiens cet été n’auront-ils droit qu’à deux places pour leurs proches, comme l’a laissé entendre le monstre sacré du judo sur le plateau de l’émission «Quelle époque !» du 24 février ? «Libé» fait le point.
Teddy Riner en conférence de presse à Baku (Azerbaïdjan) le 16 février 2024. (Tofik Babayev/AFP)
publié le 27 février 2024 à 17h25

La question a surgi dans le débat public depuis que Teddy Riner s’est pris les pieds dans le tatami ce week-end. A combien de places ont droit les athlètes français qualifiés pour les JO ? Samedi, sur le plateau de l’émission «Quelle Epoque !» diffusée sur France 2, le judoka multimédaillé a fait part de sa déception de n’avoir obtenu que deux sésames pour son entourage. «Je suis en train de me battre tous les jours pour avoir des places», a-t-il déploré, avant de préciser : «J’ai droit à deux places […] sur ma journée». Une déclaration qui a provoqué la surprise sur le plateau et suscite depuis de vives réactions, notamment face au prix des tickets pour le commun des mortels. Qu’en est-il exactement ?

De combien de places un athlète français va-t-il bénéficier ?

Dans la séquence télévisée, Teddy Riner fait référence aux places données par la fédération française de judo (FFJ). Or, il ne précise pas que les directives concernant la billetterie décidées par les organisateurs des Jeux parisiens prévoient que chaque athlète français qualifié reçoive automatiquement six places. Sur ces six tickets, quatre sont offerts par l’Etat «pour chacune des sessions où il /elle est en lice», a rappelé sur X la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera.

Ces places sont allouées par l’intermédiaire de «Gagner en France», un dispositif initié par l’Agence nationale du sport (ANS), cette cellule créée en 2019 et financée par l’Etat, dont l’une des principales missions consiste à développer le haut niveau français. Cette aide globale est budgétée à hauteur de 1,6 million d’euros.

En plus de ces quatre places, le Comité International Olympique (CIO) en réserve deux autres aux sportifs. Là encore, les détenteurs de ces places doivent les utiliser uniquement pour les sessions où figure le sportif en question. Ce processus vaut pour tous les athlètes paralympiques.

Au-delà de ce minimum de six places allouées, chacune des fédérations est libre d’en réserver d’autres supplémentaires à destination de leurs athlètes. En l’occurrence, avec les deux places que lui octroie sa fédération, Teddy Riner possède un total de huit places à redistribuer gratuitement à ses proches.

«Du côté de la Fédération de judo (FFJDA), nous en offrons deux de plus, ce qui permettra aux athlètes de bénéficier de huit places par session, confirmait dimanche au Parisien Stéphane Nomis, le président de la FFJDA. Alors oui, nous assumons d’en offrir que «deux» de plus aux athlètes, comme le souligne Teddy Riner, d’autant que la Fédération et l’État français font beaucoup pour les athlètes qui n’ont jamais été aussi bien accompagnés, à tous les niveaux. Et Teddy aussi.»

Etant donné que chaque fédération fixe sa propre politique en matière de billetterie, il est compliqué de dresser un état des lieux général. D’autant que plusieurs facteurs peuvent entrer compte : la capacité du stade qui accueille la discipline, l’état des finances de la fédération ou encore la notoriété de l’athlète en question.

A titre d’exemple, les fédérations de natation et de handisport s’en tiennent aux six places de base, tandis que celle d’escrime n’a pas encore tranché cette question.

A quoi peut assister un athlète olympique ?

Fort de son accréditation, un athlète est autorisé à assister à toutes les épreuves de sa propre discipline, y compris quand il ne concourt pas lui-même. Mais s’il souhaite assister à un autre sport, il doit faire une demande auprès du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Celui-ci s’est vu attribuer un quota de places par le CIO. C’est donc lui qui doit trancher pour chaque requête d’athlète de ce type. Sollicité par Libération sur ce point, le CNOSF n’a pas donné suite.

Autre moyen pour les athlètes d’assister aux épreuves : passer par le processus de billetterie classique payant, comme n’importe quel citoyen.

Quid des proches des membres de l’encadrement ?

D’autres tickets sont également réservés à destination de l’entourage des membres de l’encadrement. C’est-à-dire les coachs, les assistants et autres préparateurs…

La Direction technique nationale de chaque fédération bénéficie ainsi d’un certain total de billets gratuits pour ces accrédités, dont le nombre varie pour chaque instance.

Ce processus était-il le même lors des autres olympiades ?

L’ensemble des règles de billetterie pour les proches des athlètes varient d’une olympiade à l’autre. Dans certains cas, des billets gratuits ou à prix réduit peuvent être offerts aux familles, en fonction de la politique décidée par le comité organisateur et des dispositions prises par les comités olympiques nationaux.

Les derniers Jeux de Tokyo, sous Covid, avaient à l’époque accouché d’un régime plus restrictif. Contrairement aux précédentes olympiades, seule l’équipe d’encadrement des sportifs était autorisée à les accompagner le temps de la compétition. Seule une concession décrétée par le comité d’organisation autorisait les sportives qui allaitaient à emmener «si nécessaire» leurs enfants aux Jeux.

Mais si on remonte aux Jeux de Londres en 2012, que les organisateurs de Paris 2024 ont l’habitude de citer en comparaison, les familles des athlètes britanniques valides bénéficiaient de seulement deux billets gratuits, via un programme financé par le sponsor olympique Procter & Gamble. En revanche, jusqu’à quatre billets pouvaient être attribués aux proches des membres de l’équipe paralympique.

Dans un cas comme dans l’autre, ces quotas demeurent moindres que celui en vigueur pour les prochaines olympiades.