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JO 2024

«Invisibilisation des indésirables», droit de manifester, IA : avant les JO de Paris, la Défenseure des droits va enquêter tous azimuts

Le collectif «Le revers de la médaille», qui regroupe plusieurs associations et ONG venant en aide aux personnes précaires vivant à la rue, estime que l’organisation des JO de Paris provoque un «nettoyage social» de la capitale.
«Il peut y avoir un risque pour le respect des droits et des libertés dans un contexte comme celui des JO, on est vigilants et on va enquêter», estime Claire Hédon, la Défenseure des droits. (Raphael Lafargue/ABACA)
publié le 29 janvier 2024 à 16h48

Trop c’est trop ? La Défenseure des droits, Claire Hédon, a annoncé ce lundi 29 janvier qu’elle se saisissait de la situation des étudiants et des sans-abri avant les Jeux olympiques de Paris, qui doivent commencer fin juillet et qui provoquent, selon plusieurs associations une forme de «nettoyage social» de la capitale. «Il peut y avoir un risque pour le respect des droits et des libertés dans un contexte comme celui des JO, on est vigilants et on va enquêter», a-t-elle déclaré à des journalistes à Paris, précisant que cette auto-saisine concernait également la «liberté de manifester» et «l’utilisation de l’intelligence artificielle».

«La façon dont les personnes sans domicile fixe sont renvoyées en dehors de Paris dans des centres d’hébergement, la façon dont des habitats sont détruits» alors qu’ il y a «une obligation de relogement», tout cela pose la question de «l’invisibilisation des indésirables», a estimé Claire Hédon, dont les «préconisations» issues de cette auto-saisine sont attendues au plus tôt pour le mois d’avril.

Le collectif «Le revers de la médaille», qui regroupe plusieurs associations et ONG venant en aide aux personnes précaires vivant à la rue, lutte contre les Jeux de Paris depuis plusieurs années et mène des actions médiatiques pour attirer l’attention sur «la disparition de la solidarité» que provoquerait la compétition mondiale dans les rues de la capitale.

Tous les lieux de vie occupés par des migrants, des sans-abri ou encore des travailleuses du sexe et qui sont progressivement vidés par les autorités en vue des Jeux, s’inquiètent les organisations dont la dernière manifestation remonte à mi-décembre devant le Sacré-Cœur.

Des étudiants du Crous relogés

Par ailleurs, plus de 2 000 étudiants bénéficiaires du Crous doivent faire l’objet de relogements pendant les Jeux de Paris - une décision contestée par un syndicat étudiant mais confirmée fin décembre par le Conseil d’Etat, qui a levé les doutes sur la légalité des réquisitions de ces logements afin d’accueillir le personnel de l’événement.

Fin août, le tribunal administratif de Paris avait suspendu en référé la décision du Crous de limiter les baux d’occupation des logements étudiants au 30 juin, en vue des Jeux de Paris 2024. Sur la base d’un mail du Crous envoyé aux étudiants en mai 2023, le syndicat Solidaires avait entamé une procédure judiciaire contre la réquisition de 3 000 logements Crous, organisme qui gère notamment les résidences étudiantes, pour accueillir le personnel (forces de sécurité, soignants, secouristes, agents de sécurité) de l’événement durant l’été 2024. Saisi d’un pourvoi par le Crous Paris, le Conseil d’Etat a jugé le 30 décembre qu’il n’y avait pas lieu de statuer.

Mise à jour à 17h00 avec la précision de la date à laquelle Claire Hédon rendra ses «préconisations».