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Menace

Sécurité des JO : «A peu près 800» personnes surveillées et «250» écartées de l’organisation, selon Gérald Darmanin

Le ministre de l’Intérieur assure ce dimanche 10 mars, dans un entretien au «JDD», consacrer la moitié de son temps à préparer les Jeux olympiques de Paris. Et se dit avant tout inquiet de la «menace terroriste» venant de «l’islam radical».
Gérald Darmanin à Paris le 22 janvier 2024. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 10 mars 2024 à 15h52

La sécurité est l’un des plus gros enjeux des Jeux olympiques de Paris cet été pour les autorités françaises, au point que Gérald Darmanin jure y travailler «une demi-journée par jour». Au cœur des préoccupations du ministre de l’Intérieur : «la menace terroriste [qui] vient quasiment exclusivement de l’islam radical» et dont les fanatiques pourraient être tentés de frapper pendant les Jeux, affirme-t-il ce dimanche 10 mars dans un entretien au JDD.

Pour prévenir, voire déjouer, un attentat, le locataire de Beauvau explique que 20 000 personnes sont actuellement suivies par les renseignements français. Mais ce chiffre est vague, incluant des personnes à l’étranger et avec des profils divers. Au quotidien, «à peu près 800» personnes sont suivies de manière pointue, en raison de la réelle menace qu’ils représenteraient, selon Gérald Darmanin.

Le ministre de l’Intérieur évoque les «deux problèmes importants avec l’islamisme» qui font que les attaques sont parfois dures à prévenir : le fait que des très jeunes soient prêts à passer à l’acte, parfois seulement âgés «de 11, 12, 13 ans», ce qui représente «une nouveauté pour nos services». Et les personnes sortants de prisons, condamnés par le passé à des peines pour terrorisme et qui seraient aujourd’hui libres et potentiellement prêts à repasser à l’acte.

Des dizaines de milliers de criblages

Autre sujet qui inquiète particulièrement le ministère : l’infiltration des Jeux par des djihadistes. Que ce soit dans l’organisation, dans la sécurité, parmi les volontaires, les forces de l’ordre, les salariés ou accompagnants, des dizaines de milliers de personnes participeront aux JO. Autant de profils que le ministère s’attelle déjà à vérifier. «Nous avons commencé par cribler l’intégralité de notre personnel, plusieurs fois, et nous continuerons à le refaire jusqu’au bout», explique Gérald Darmanin.

Parmi les forces de l’ordre, ces contrôles ont contraint «plus d’une quinzaine de personnes» à quitter leur service depuis l’attentat de Mickaël Harpon à la préfecture de police à Paris. Le 3 octobre 2019, cet informaticien en poste à la direction du renseignement (DRPP) avait tué quatre de ses collègues avant d’être abattu.

Concernant les autres personnes qui auront accès aux sites de Jeux, sur le million de criblages à faire, le ministère de l’Intérieur en a déjà fait 89 000, ce qui a conduit à écarter «250 personnes dont six fichés S», explique Gérald Darmanin. Selon le ministre, toutes les personnes qui auront un badge d’accès aux Jeux auront été contrôlées d’ici au début des épreuves.

Reste ensuite d’autres menaces, évoquées par Gérald Darmanin au JDD. Celle d’une ingérence étrangère d’abord, dont la Russie s’est par exemple faite spécialiste. C’est une «préoccupation permanente, mais la question de la cybersécurité dépend directement de l’autorité du Premier ministre», explique le ministre de l’Intérieur.

Vient ensuite la crainte de voir l’extrême droite ou «l’ultragauche» mener des actions pendant les Jeux. Si Gérald Darmanin voit dans les deux cas des potentielles menaces, il semble prendre plus au sérieux les actions venant de la gauche, avec «des actions violentes, terroristes», parlant notamment de sabotages d’entreprises et d’installations ou de happenings qui pourraient avoir lieu : «Ils peuvent viser le capitalisme. Ce qui est aussi le cas de l’écologie radicale qui ne passera sans doute pas à l’acte physiquement, mais contre les biens. On a vu ce dont ils étaient capables à Sainte-Soline.»

Pourtant, le ministre évoque aussi les miltans d’extrême droite qui ont l’air autrement plus dangereux pour les personnes : «Les accélérationnistes qui veulent hâter la guerre raciale pour contrer ce qu’ils appellent le grand remplacement, et les suprémacistes. Je ne les prends pas à la légère parce qu’il y a chez eux une passion pour les armes à feu et que nous avons procédé à des interpellations de personnes extrêmement armées». Des menaces qui, bien qu’elles ne soient pas à placer au même niveau que celles d’un attentat islamiste, sont selon Gérald Darmanin «impossible (à) sous-estimer».