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Semaine olympique et paralympique : «Faire bouger les enfants et changer le regard sur le handisport»

JO Paris 2024dossier
Dans le cadre de la Semaine olympique et paralympique, Sandra Laoura ex-skieuse acrobatique médaillée aux JO de Turin s’est rendue à l’école maternelle Voltaire. Une demi-journée pour parler sport pour tous, santé et handicap.
Sandra Laoura, ex-skieuse en situation de handicap, à l'école maternelle Voltaire de Montreuil, le 4 avril. (Cha Gonzalez/Libération)
par Hicham Bennis et photos Cha Gonzalez
publié le 4 avril 2024 à 21h36

«Vous savez quand la flamme olympique va arriver en France ?» Au tableau, jeudi 4 avril, la maîtresse s’appelle Sandra Laoura. Et face à la médaillée de bronze en ski acrobatique des JO de Turin en 2006, une classe de maternelle de l’école Voltaire à Montreuil. L’ancienne athlète a enfilé la tenue d’instit le temps d’une demi-journée dans le cadre de la Semaine olympique et paralympique (SOP). Elle a débarqué, sous une haie d’honneur, avant de traverser les couloirs aux couleurs olympiques. Toute l’école s’est préparée à cette SOP, pendant laquelle sportives et sportifs font le tour des classes un peu partout en France, en porte-drapeau du sport pour tous et de l’inclusion. Mardi, en accueillant 4 000 gamins à l’Adidas Arena, porte de la Chapelle à Paris, Tony Estanguet résumait l’opération : «Il faut profiter de la dynamique olympique pour faire bouger les enfants et changer le regard sur le handisport.» A l’heure où l’obésité est un problème de santé publique majeure, «le sport à l’école c’est la mère des batailles», vantait à ses côtés la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. D’où les trente minutes d’activité physique à l’école, une idée lancée par le Comité d’organisation des JO (Cojo) et reprise au vol par Emmanuel Macron. «Nos programmes nous poussent à en faire tous les jours», confirme Virginie Janvier, une des enseignantes de l’école Voltaire.

Après son arrivée en fanfare, Sandra Laoura lance un diaporama sur les Jeux olympiques : on y présente ses différents symboles, les anneaux, la flamme, les Phryges – les deux mascottes de Paris 2024 – ainsi que les 32 disciplines et les pays qui participeront aux épreuves. Mais les yeux s’écarquillent surtout quand l’ancienne skieuse dégaine sa médaille de 2006. «Elle n’est même pas lourde», fanfaronne Yacine, pour impressionner les copains de grande section. «Moi aussi, j’ai gagné une médaille au ski», glisse une petite voix. Pendant que les diapositives défilent, Sandra Laoura répond à toutes les questions mais surtout à une. «Comment ça t’est arrivé ?» lancent tour à tour les élèves en pointant le fauteuil roulant de l’athlète, qui a perdu l’usage de ses jambes un an après les JO de Turin lors d’un accident à l’entraînement. «Des fois, on tombe, mais on se relève et on continue d’avancer», explique-t-elle avec des mots choisis. Avant d’enchaîner par la leçon «sport inclusif» du jour : «Quel que soit le physique, on peut faire une activité.» Autour d’elle, les écoliers se mettent à jouer à des ateliers tennis, basket et danse. Filles et garçons échangent raquette à la main : «Cette interaction est importante. Il faut leur montrer que même en étant en fauteuil roulant, s’amuser est permis. Il n’y a pas de frein», insiste Sandra Laoura. «Dire que le sport est pour tout le monde, malgré les différences, c’est un bien-être général», abonde Florence Touze, la directrice de l’école Voltaire.

Un message – une mission – qui ne doit pas s’arrêter une fois les Jeux olympiques et les paralympiques de Paris terminés. Au total, trois millions d’élèves y ont participé depuis 2017 et le Cojo parle de deux millions juste pour cette édition mais «la SOP va survivre, cela fait partie de l’héritage immatériel des Jeux olympiques», insiste-t-on au comité d’organisation, qui donnera les clés de l’opération au comité olympique français en septembre. Sandra Laoura imagine même que le dispositif soit imposé deux fois par an à l’avenir : «Il faut que cela devienne universel.»