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JO de Pékin

JO de Pékin : les skieurs de fond Richard Jouve et Lucas Chanavat, jusqu’à ce que la médaille les sépare

JO d'hiver de Pékin 2022dossier
Indissociables en équipe de France de ski de fond, les deux athlètes partagent la réussite au plus haut niveau, un professionnalisme extrême et l’ambition réaliste d’une médaille olympique en sprint individuel ce mardi à Zhangjiakou.
Richard Jouve (à gauche) et Lucas Chanavat (à droite), en Suisse le 28 décembre dernier. (Peter Schneider/Keystone via AP)
publié le 8 février 2022 à 9h27

Dans le petit monde du ski de fond, la concurrence pourrait presque croire que Richard Jouve et Lucas Chanavat sont des jumeaux. Même âge (27 ans), même spécialité du sprint et même nombre de victoires en Coupe du monde (14). Les deux skieurs, installés près des sommets du sprint mondial, sont les indissociables visages de la réussite de l’équipe de France de ski de fond. Tous deux tenteront ce mardi de s’extirper des qualifications (dès 9 h 45) et accrocher une médaille lors de la finale du sprint individuel, prévue peu après 13 heures (heure française).

Cet hiver, ils enchaînent les «top 3» et sont même montés ensemble sur le podium du sprint libre de Lenzerheide (Suisse) fin décembre (Jouve 2e, Chanavat 3e). «On a une relation très saine avec Lucas, le même âge, le même parcours en arrivant chez les jeunes à la fédération en même temps, des bons résultats en même temps, développe Richard Jouve. Cette trajectoire similaire fait que l’on est hyper complices.»

Rigueur proche de l’ascèse

D’une rigueur sans faille, le duo impressionne les camarades des plus longues distances. «Le ski est mon métier à 100%, sur les pistes et en dehors avec la nutrition, la récupération. Je fais attention à tout, détaille Richard Jouve. J’essaie des choses sans arrêt. Je discute avec les coachs, je regarde ce que font les autres skieurs, les autres sports.»

Rigueur proche de l’ascèse pour Chanavat, durant ces derniers mois pandémiques : «J’optimise tout au quotidien depuis longtemps, jure l’enfant du Grand-Bornand. A cause du Covid, je n’ai vu personne depuis novembre à part ma copine qui télétravaille chez moi et ne voit personne non plus. J’ai vu ma famille seulement en extérieur et avec le masque. Avec mes nièces qui sont toutes jeunes, c’est dur de leur expliquer, mais on sait que les enjeux sont plus importants.»

Preuve de l’extrême minutie consacrée à la préparation olympique, les deux ont demandé l’avis de spécialistes de l’armée concernant la gestion du froid en prévision des Jeux, où une amplitude thermique, comprise entre -20 et -10°C ces dernières vingt-quatre heures était attendue à 1 600 mètres d’altitude. «Il y a plein de détails, de protocoles sur lesquels être vigilants pour ne pas se geler à l’entraînement ou en course», évoque Richard Jouve à propos de ces conseils militaires.

«Trop tendres»

Leur amitié permet d’apprécier les mois entiers passés ensemble loin de la maison. Elle peut aussi les desservir dans cette discipline où il faut savoir jouer des coudes pour s’imposer, dans ces formats de courses nerveuses à six sur un parcours d’environ 1 kilomètre. «C’est dur de courir ensemble, on est tellement proches qu’on n’arrive pas à se faire des crasses, on essaie de ne pas se gêner, on ne va pas oser fermer la porte dans un virage, admet Jouve. Lors des quarts de finale on se place toujours dans des tableaux différents [les meilleurs des qualifications choisissent leur quart]Il poursuit : «Parfois, il peut nous manquer cette agressivité, on a déjà raté des courses pour avoir été trop tendres entre nous. Ça peut nous rendre passifs, et on se fait déborder.»

Ce mardi, ils pourraient être amenés à se battre pour la même médaille sur le sprint skate, leur format préféré, et font partie des favoris au podium derrière l’intouchable Norvégien Johannes Hoesflot Klaebo. Jouve chasse une deuxième médaille olympique après le bronze du sprint par équipes en 2018 décroché à Pyeongchang avec Maurice Manificat. En pleine forme, ce dernier avait été préféré à la dernière minute à Chanavat. «Ça devait être moi jusqu’à la veille de la course. J’avais préparé les Jeux pour cette course. Ensuite, ça n’a pas été une période facile. J’ai fait un bon travail dessus, après un long moment pour encaisser, ça a sans doute aidé à me renforcer en tant qu’athlète», raconte Chanavat.

Encore présent à Pékin, Manificat va cette fois laisser sa place, tant les deux compères semblent indiscutables pour le sprint par équipes qui aura lieu le 16 février, en style classique. Ils rêvent de monter ensemble sur le podium. Dès ce mardi ?