Certains arrivent aux Jeux olympiques avec leur fleuret, leur perche ou leurs skis. Demain verra-t-on des athlètes défiler en brandissant leur manette de jeu ? L’intégration de l’esport dans l’univers olympique est en cours, mais la première compétition, qui devait avoir lieu en Arabie saoudite, repoussée en 2027 après avoir été, dans un premier temps prévue en 2025, n’aura finalement pas lieu. Malgré une alliance inédite pour douze ans conclue en 2024 autour de ce projet, Lausanne et Riyad «ont convenu d’un commun accord de mettre fin à leur coopération», explique l’instance olympique sans en dévoiler les raisons.
Outil de soft power
Si cette annonce est clairement un coup d’arrêt pour la discipline, c’est aussi un recul pour les ambitions sportives de la superpuissance du Golfe, qui rêvait, avec cet outil de soft power, de se construire une image positive au niveau international. Il faut dire que la monarchie saoudienne a lourdement investi le créneau, organisant la première Coupe du monde d’esports, tournoi annuel inauguré à l’été 2024, et projetant d’accueillir la première Coupe des nations d’esports en novembre 2026.
Et ce créneau est particulièrement scruté par le CIO, soucieux d’épouser l’évolution des pratiques sportives pour ne pas laisser vieillir son audience. Pas question donc, pour l’organisation basée en Suisse, de renoncer à monter des Jeux de l’esport en parallèle de ses rendez-vous traditionnels, les Jeux olympiques et les Jeux olympiques de la jeunesse d’été et d’hiver.
L’objectif reste donc «d’organiser la première édition le plus tôt possible». Mais il s’agit désormais d’identifier des hôtes intéressés, alors que le partenariat avec l’Arabie Saoudite s’était fait sans mise en concurrence et pour une durée sans précédent dans l’histoire olympique, avec des éditions annoncées jusqu’en… 2037.
Les JO 2036 ?
Un retour à la case départ sans territoire hôte ni échéance, donc, alors que les défis sont nombreux pour faire entrer les sports électroniques dans l’univers olympique : outre les négociations avec les éditeurs de jeux - une problématique inconnue des Jeux traditionnels -, il faut notamment constituer les joueurs en équipes nationales, mettre sur pied des programmes antidopage et antitriche. Tout en se conformant à des critères de «non-violence» imposés par le CIO.
Du côté de Riyad, la rupture de cette alliance jette une ombre sur les JO traditionnels de 2036, que la ville rêve d’organiser. En se positionnant pour organiser l’événement, la monarchie pétrolière – qui a décroché à la surprise générale l’organisation des Jeux asiatiques d’hiver de 2029 –, entendait bien poursuivre sur la lancée du Mondial de foot 2034 (remporté au terme d’une procédure express et sans concurrence) afin de détourner l’attention internationale des violations des droits humains, réduire la dépendance aux revenus du pétrole et développer le tourisme.