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Libération
Documentaire

Un an après des Jeux de Paris catastrophiques, la gymnaste Mélanie de Jesus dos Santos lève le voile sur sa reconstruction

Presque un an après l’échec des Jeux de Paris, la discrète gymnaste martiniquaise de 25 ans raconte dans un court documentaire sa difficile guérison et la pression mentale sur les athlètes.
Mélanie de Jesus dos Santos aux Internationaux de France en 2023. (Willie Beamen – La Draft)
publié le 29 juin 2025 à 9h19

Habituellement réservé, son regard s’est rempli de larmes ce soir-là. Le 28 juillet 2024, dans une Accor Arena Bercy tachycardant au rythme de l’équipe de France de gymnastique, la mascotte Mélanie de Jesus dos Santos était éliminée lors des qualifications des Jeux. La faute à des chutes, une pression carabinée, un désalignement des étoiles. La multimédaillée aux championnats d’Europe, égérie Dior et visage de la gym hexagonale, tirait ainsi une révérence prématurée. «J’ai juste envie de me cacher dans un trou», disait-elle aux caméras.

«Traumatisme»

Et puis, plus un mot prononcé en public. Après cette soirée cauchemardesque de juillet 2024, son compte Instagram affichait quelques posts teintés de mélancolie. Jusqu’à cette semaine, où l’athlète de 25 ans est sortie du silence. Dans un entretien fleuve à l’Equipe, elle évoque un «traumatisme» des Jeux, une «ambiance bizarre» au sein des Bleues. «On était impuissantes. On a subi, subi… Mais je ne peux pas être plus précise», raconte-t-elle, faisant notamment écho à la suspension de l’entraîneur de l’équipe, Nellu Pop, quatre mois avant les Jeux, pour des faits présumés de violences.

«Les silences disent beaucoup», note Agathe Breton, réalisatrice du court documentaire Golden Soul, qui a suivi «MDJDS» dans sa Martinique d’origine quatre mois après les Jeux. Derrière les images de carte postale, se dresse l’histoire d’un double exil : celui d’une jeune gymnaste qui quitte son île pour Saint-Etienne (Loire) à 12 ans, s’envole à 22 ans aux Etats-Unis s’entraîner aux côtés de la plus grande gymnaste de tous les temps, Simone Biles, et revient au pays après les Jeux pour faire le bilan, calmement.

«Briser le schéma de l’athlète ultra-performant»

Dans Golden Soul, MDJDS joue à la pétanque, jure sur son bateau quand un poisson lui échappe, se déleste du jargon sportif et d’une timidité longtemps chevillée à son mètre 52. Bref, elle réaffirme son identité de jeune adulte muselée par son statut de gymnaste de haut niveau. «On voulait briser ce schéma de l’athlète ultra-performant au détriment de l’humain qu’il y a derrière, développe la réalisatrice, elle-même ex-footballeuse. C’est triste de voir à quel point la notion de plaisir dans le sport peut être oubliée.»