Il s’agirait du premier athlète Français à franchir le pas. Actuellement suspendu pour manquements à ses obligations antidopage, le sprinteur français Mouhamadou Fall va participer aux Enhanced Games, sortes de Jeux olympiques où le dopage sera autorisé et encadré, ont annoncé les organisateurs jeudi 23 octobre au soir.
Le sprinteur français de 33 ans, quadruple champion de France sur 100 m (2020, 2021) et 200 m (2019, 2021), est suspendu depuis avril 2024, d’abord neuf mois en raison d’un contrôle positif à un stimulant interdit, puis 18 mois en raison d’un manquement à ses obligations antidopage en matière de localisation. Cette deuxième suspension, effective depuis mi-janvier 2025, court jusqu’en juillet 2026.
Après le double médaillé olympique sur 100 m Fred Kerley, Mouhamadou Fall est le deuxième spécialiste de la piste à rejoindre les «JO des dopés», dont la première édition est prévue pour mai 2026 à Las Vegas. Un bonus d’un million de dollars est promis à l’athlète qui irait plus vite que l’actuel record du monde du 100 m.
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Mais cette annonce a suscité de vives réactions des autorités sportives françaises. La Fédération française d’athlétisme estime ce vendredi 24 octobre que la décision du sprinter tricolore de participer à la compétition «est en totale contradiction avec les valeurs du sport et de l’athlétisme». L’Agence française antidopage (AFLD) dit pour sa part «se réserver le droit de l’intégrer prochainement à son groupe cible et de procéder aux contrôles nécessaires».
Plus largement, le ministère des Sports, le Comité national olympique français (CNOSF) et l’Agence française antidopage pilonnent les Enhanced Games, dans un communiqué commun. Cette compétition représente selon eux «une négation de l’esprit sportif», une «menace grave pour la santé des participants» ou encore une «violation grave de l’éthique» du sport, cinglent-ils. Les trois institutions mettent en garde les athlètes français sur leur éventuelle participation à cette compétition : «en cas de dopage, un sportif français qui participera aux Enhanced Games s’exposera à des sanctions».
Des sanctions disciplinaires ou pénales
L’Agence française de lutte contre le dopage affirme par conséquent qu’elle «veillera à contrôler en amont des Enhanced Games, sur le territoire national ou à l’étranger, tout sportif français qui annoncera vouloir y participer». L’organisme sera ainsi «en mesure de sanctionner l’usage de substances interdites, en particulier celles qui seraient utiles à la mise en œuvre d’un protocole de dopage en vue de cet événement». Ceci «sans préjudice des autres sanctions disciplinaires ou pénales qui pourraient être prises dans ce cadre».
Les trois instances alertent ensuite face à une forme de «de dopage institutionnalisé», tout en rappelant que le «dopage n’a rien à voir avec le sport». Elles dénoncent la tenue de cet événement «à l’initiative de certains promoteurs privés sans scrupules prêts à sacrifier l’intégrité sportive et les enjeux sanitaires à l’organisation d’un spectacle artificiel». Ce projet suscite la controverse dans les milieux sportifs et scientifiques, et a déjà été décrié comme «dangereux et irresponsable» par l’Agence mondiale antidopage.