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Volley aux JO de Paris 2024 : les Bleus arrachent la victoire sur un filet

JO Paris 2024dossier
Les champions olympiques en titre ont remporté lundi leur match face aux Allemands, après avoir été menés deux sets à zéro. Ils affronteront l’Italie en demi-finale mercredi à 20 heures.
les Bleus Nicolas Le Goff (en bas à droite) et Théo Faure, lors du quart de finale contre l'Allemagne, ce lundi 5 août. (Antonin Thuillier/AFP)
publié le 5 août 2024 à 20h44

«On ne s’est pas affolé.» Quinze minutes, pas une de plus, que les volleyeurs tricolores ont refroidi (18-25, 26-28, 25-20, 25-21, 15-13), lundi 5 août en quart de finale du tournoi olympique, une équipe allemande qui comptait deux sets d’avance au bout d’une petite heure. Et Earvin Ngapeth fait assaut de sagesse. «Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? On savait que ça allait venir. Enfin, que ça pouvait venir, plutôt.» La sainte trouille est passée au large du réceptionneur-attaquant de l’Halkbank Ankara. Question de caractère parce que Nicolas Le Goff, lui, en frissonne encore. «Je suis vidé. C’était hypercompliqué. On était presque mort. Quand tu es deux sets derrière… Là oui, j’ai vu qu’on était un peu perdu. On est allé chercher un peu de chambrage au filet [provoquer par les attitudes ou les mots les adversaires, ndlr] parce qu’il fallait changer un truc. On peut toujours se dire ce qu’on veut, on ne peut pas s’enlever la pression comme ça. Et elle est là.»

Le matin même, on avait vu porte de la Chapelle la joueuse de badminton chinoise He Bingjiao arborer, lors de sa finale perdue, les couleurs espagnoles en hommage à Carolina Marín, qui l’avait dominée la veille avant d’abandonner pour cause de blessure au genou. Mercredi, le Egypte-France de hand avait transpiré de partout la fraternité entre les joueurs, plusieurs des joueurs ayant évolué dans l’Hexagone et croisé leurs adversaires du jour, parfois dans le même club. L’après-midi, dans l’Arena Sud abritant le volley, le tricolore Earvin Ngapeth avait de l’autre côté du filet son témoin de mariage György Grozer, vénérable par l’âge (39 ans) mais ô combien brutal avec le ballon. Le meilleur du sport : une connivence de volant ou de ballon, les liens qui perdurent au-delà de l’ambition personnelle et du poids du regard et des attentes extérieurs. Elle n’enlève rien au jeu et aux joueurs.

Errances tricolores

Donnés largement battus avant la rencontre, les Allemands n’étaient en effet pas venus pour s’effacer poliment. Et les Bleus ont commencé dans le dur. Mauvais équilibre entre le service – où les Allemands ont été dominants – et la réception, Ngapeth pris trois fois par le contre adverse qui pouvait dès lors surveiller Jean Patry, et le premier set (18-25) a défilé comme ça. Le deuxième set se déroule sur le même modèle. Les Bleus veulent jouer les points vite – frappe sur frappe, sans variation et en accélérant les circuits de passe. En face, Anton Brehme et ses coéquipiers s’en régalent : plus c’est simple et basique, plus la taille et les bras comptent. Et les Allemands sont pourvus en la matière. Ngapeth symbolise les errances tricolores, enchaînant points exceptionnels, smashs lourds et précipités dix mètres dehors. Notre voisin de table, sur la droite : «Seul [Trévor] Clévenot les fait naviguer.»

De fait, le Charentais est à 10 points sur 16 au bout du deuxième set, fer de lance de l’attaque des Bleus. Qui perdent la deuxième manche 28-26. La main tendue tient encore le bord du gouffre, mais le corps a déjà basculé. Les Bleus mèneront vite au score dans le troisième set et ce fut deux fois payant. Outre les points qui rentrent, les serveurs et les attaquants allemands se sont agacés, essayant de monter le curseur de la puissance, égarant du coup quelques ballons. L’occasion aussi de voir qu’ils n’ont pas de plan B.

«La lumière est venue d’un peu tout le monde»

Le troisième set tombe du côté français (25-20) et c’est dans le quatrième, également remporté (25-20) par les Bleus, que les Allemands ont commencé à subir les diableries tricolores, un bras qui traîne, une attaque hyperrisquée d’un Antoine Brizard à mi-terrain, une passe renversée. Les Bleus sont alors installés à demeure dans les têtes allemandes. Le tie-break tombera tout seul. «La lumière est venue d’un peu tout le monde, c’est difficile de vous expliquer ce que l’on a vécu, s’interroge Quentin Jouffroy. Elle est pour les remplaçants et notamment Théo [Faure] qui a changé beaucoup de choses, mais Earvin [Ngapeth] nous a fait du bien aussi. Il rate, il réussit mais en tous les cas il tente, il ne s’arrête jamais de tenter et ça donne de la confiance, ça emmène les autres.» «Si un truc nous a aidés, c’est quand on s’est dit ce matin que l’Allemagne était une bonne équipe et que ça pouvait mal se passer, reprend Le Goff. Quand on s’est retrouvé dans le dur, on avait quand même ce repère-là. Sans ça…» Il soupire. La demi-finale est pour mercredi 20 heures contre la sélection italienne, elle aussi menée de deux sets devant le Japon dans l’après-midi. Entre survivants.