Deux hommes seuls, minuscules et fragiles, reliés par leur fine corde de 60 mètres, armés de leurs seuls piolets et crampons, animés d’une volonté et d’une énergie farouches. Une paroi himalayenne démesurée, d’une effroyable beauté, mur compact et quasi vertical de glace et de roche de près de 2,5 kilomètres de hauteur, aboutissant à un sommet que personne n’a jamais atteint : le Jannu Est, à 7 468 mètres d’altitude. Pas d’hélicoptère, pas d’oxygène, pas de sherpas en soutien, pas de message triomphal depuis le sommet. Ni drapeau ni drame. En réalisant en trois jours, du 13 au 15 octobre, la première ascension de ce sommet perdu au fin fond de l’Himalaya népalais par sa redoutable face nord, les Français Benjamin Védrines, 33 ans, et Nicolas Jean, 26 ans, ont réussi une performance parfaite.
Une épure de grand himalayisme, d’une élégance et d’une audace folles. Une fulgurance qui nécessite une conjonction de facteurs rarement alignés : une montagne difficile en bonnes conditions, ni trop sèche ni trop chargée en neige, un créneau météo suffisamment long, une cordée à la fois expérimentée, prête techniquement et mentalement et parfaitement en forme et acclimatée à l’insta