«Même sous état d’urgence à Tokyo, les JO auront lieu», «à moins d’un Armageddon, pas d’annulation», «les Japonais sont bien nerveux, mais les JO seront sûrs» : tour à tour les membres du Comité international olympique (CIO), respectivement John Coates, Dick Pound et Sebastian Coe, y vont de leurs petites phrases dans les médias. Voix isolée au sein du Comité olympique japonais (JOC), Kaori Yamaguchi ne cache pas son malaise face à leurs certitudes. Car de son point de vue, les conditions dans lesquelles ces jeux vont se dérouler seront «injustes et dangereuses» : pour le public, pour les athlètes, pour le sport, pour le Japon et pour l’olympisme. A 56 ans, cette ancienne athlète, qui enseigne à l’Université de Tuskuba (au nord de Tokyo), n’a personnellement rien à gagner à être la seule à mener le combat au sein des instances olympiques. Elle se contrefiche d’être qualifiée de traitresse à la cause sacrée des JO. L’enjeu dépasse sa personne.
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«C’est culturel»
La médaillée de bronze aux JO de Séoul en 1988, qui s’est longuement confiée à Libération et NewsWeek Japan le 3 juin, estime qu’un engrenage vicieux d’incompréhension, de manque de communication, de déficit d’information, d’orgueil a conduit à la situation actuelle. «Le Japon ne sait pas dire non. Même s’il a compris que ce qu’on lui demande est impossible, il répond : “Je vais tout faire”, “je vais persévérer”. C’est culturel. Et si les Japonais disent au CIO : “On va tout tenter”, ce