Le Paris-SG verra 2024 sur le front de la Ligue des champions. Supérieurs ce mercredi 13 décembre au Borussia Dortmund au Signal Iduna Park, les champions de France en titre n’en ont pas moins coincé (1-1) contre un adversaire volontaire mais amoindri, moins bien pourvu techniquement : c’est aussi parce que Newcastle n’a pas battu Milan (défaite 1-2 des Anglais chez eux) que les Parisiens sont passés, le petit point pris en déplacement en trois matchs de poule devant aussi interpeller sur la capacité des hommes de Marquinhos à répondre à un contexte intense, où les adversaires les challengent aux quatre coins du terrain.
L’entraîneur parisien Luis Enrique avait innové au coup d’envoi : le Portugais Vitinha en pointe basse du milieu de terrain, sans doute pour maîtriser le créateur adverse Marco Reus. Première conséquence, un symposium permanent où tout le monde replace tout le monde, mets-toi là, non je crois que c’est toi, etc. Une petite performance : les 65 000 supporteurs allemands font un bruit d’enfer, avec cette agressivité un peu démoniaque qu’on jurerait dirigée contre le Paris-SG, son propriétaire qatari et sa masse salariale gonflée au gazo-dollars.
Score buissonnier
Les joueurs parisiens ont relevé le gant. A la 17e minute, Kylian Mbappé a troué l’espace en profondeur avant de dribbler Gregor Kobel, le gardien adverse. C’est but, le banc parisien est debout. Mais non. Un retour insensé de Niklas Süle, contredisant sa lourdeur apparente, permet aux Allemands de sauver le coup, le défenseur étant bien le seul à ne pas s’être résigné sur ce coup-là, coéquipiers, spectateurs et téléspectateurs compris. Bradley Barcola a allumé un poteau dans la foulée (19e), Randal Kolo Muani enfumé un face-à-face contre Kobel (24e) après avoir une fois de plus foudroyé la défense allemande dans la profondeur.
Et on a entendu les Parisiens d’ici : «Non mais c’est pas vrai…» Mais si, et comme Newcastle a ouvert la marque dans la foulée sur sa pelouse devant le Milan AC, les Parisiens passent sous la ligne de flottaison, éliminés à la demi-heure de jeu. Karim Adeyemi ayant aussi raté le but vide après un gros arrêt du gardien du PSG Gianluigi Donnarumma (32e), le match prend un tour instable, un peu fou. Savoir surfer sur ces matchs ouverts, où le score est buissonnier, est un art difficile, un peu hasardeux, poétique aussi. En parlant de ça, Kolo Muani a manqué un nouveau face-à-face avec Kobel (43e). Le concernant, ça commence à faire beaucoup, beaucoup, beaucoup. Parce que ce n’est pas le soir. 0-0 aux citrons.
Crash évité
Et l’idée flotte que la catastrophe est là, toute proche. Dans l’air qu’ils respirent. Sur une sortie de ballon manquée des défenseurs (Donnarumma compris), Adeyemi glisse le ballon dans le petit filet en douceur (1-0, 51e). C’est un gamin de 17 ans qui va sortir le Paris-SG de là : Warren Zaïre-Emery, remis sur pied en express par le staff parisien après une grosse entorse reçue avec les Bleus mi-novembre, camionne le ballon dans le but de Kobel après une rude percussion de Mbappé côté gauche (1-1, 56e).
Et puisque le PSG s’est aidé un peu, le ciel va lui en donner un peu plus sous la forme d’un but du Milan AC à Saint-James Park (1-1), un nul en Angleterre qualifiant le PSG dans tous les cas. Le milieu parisien prend résolument le manche, Zaïre-Emery est même en démonstration (intensité, calme, justesse, vitesse sur les premiers mètres et les suivants) et son équipe prend l’autoroute : les Allemands n’ont plus une goutte d’essence dans le moteur, plus un joueur ne parvient à avancer. Un verdict de la première heure différé, en fait. C’est bien le Borussia Dortmund qui était en surchauffe.
Difficile, dès lors, d’expliquer pourquoi le Paris-SG ne s’est pas donné un grand bol d’air et la première place du groupe en basculant son adversaire par-dessus le bastingage. Le second but milanais (2-1) en Angleterre met le PSG à portée d’élimination en cas de nouveau but du Borussia Dortmund, mais ce n’est pas comme si les Reus et consorts avaient essayé d’en mettre un lors des 20 dernières minutes. Les Parisiens ont passé les dix dernières minutes à geler le jeu. Conséquemment, Mbappé était furieux. Pas de quoi quand même. Le crash a été évité. Ce n’est pas rien.